Châteaux, métros, tribunaux, hôpitaux... la France ouvre tout grand ses décors au cinéma, des plus prestigieux aux plus insolites, cherchant notamment à y attirer les producteurs étrangers.

La Régie des transports parisiens (RATP), qui accueille une soixantaine de tournages par an, pour moitié des longs métrages, dispose d'une station de métro «fantôme», Porte des Lilas, qui peut être louée à la journée pour, par exemple, une reconstitution historique.

La mise à disposition de décors du métro parisien peut rapporter 200 000 euros «dans une bonne année», selon Karine Lehongre-Richard, responsable des tournages à la Régie. Mais «c'est surtout une belle vitrine pour la RATP qui devient indissociable de la ville», ajoute-t-elle.

Pour Olivier-René Veillon, directeur de la commission du film d'Île-de-France, «tous les grands sites patrimoniaux sont ouverts aujourd'hui» aux réalisateurs.

«On a 2500 décors, dont une cinquantaine pour le site du château de Versailles», une des stars des lieux de tournage, au même titre que la Tour Eiffel, les quais de la Seine ou le Jardin du Palais-Royal au coeur de Paris, souligne M. Veillon.

Quelque 1500 tournages de films, d'émissions de télévision et de publicités sont réalisés chaque année dans la région parisienne, dont 1000 à Paris qui, pour les Américains notamment, conserve une forte image «romantique».

Les tournages rapportent quelque 10 millions d'euros par an aux monuments publics, selon Sylvain Leclerc, de l'Agence du patrimoine immatériel de l'État (APIE).

En 2012, 494 tournages de films et téléfilms ont été réalisés sur des sites publics référencés par l'APIE, comparé à 333 en 2011, et 48 en 2009.

Les Chinois adorent les châteaux

Ministères, tribunaux, hôpitaux, et même prisons touchent maintenant les cachets versés pour les tournages, une mesure qui les encourage à accueillir les caméras.

Les tarifs pratiqués sont désormais fixes pour assurer la lisibilité des coûts, et même si l'intérêt premier de nombre de sites «c'est l'image que va générer le tournage» plutôt que les cachets, ceux-ci représentent parfois «des revenus substantiels», selon M. Veillon.

Le Louvre, dit-il, a reçu près d'un million de visiteurs supplémentaires après la sortie en 2006 du film Da Vinci Code, tourné en partie au musée.

Selon la commission nationale du Film France, les pays européens et la Russie sont à l'origine de 54% des productions étrangères tournées dans le pays.

Mais ce sont les marchés américain et asiatique, qui représentent respectivement 20 et 22% du marché, qui attirent le plus de convoitises en raison d'un fort potentiel de croissance.

«La Chine représente 8% des tournages, c'est un marché en croissance depuis trois ans», indique ainsi Franck Priot, de la commission nationale du Film France.

«Le marché chinois est un grand enjeu pour nous», confirme M. Veillon, pour qui les Chinois sont particulièrement attirés par «l'art de vivre» français. «Ils adorent les châteaux», dit-il, soulignant que quelque 150 châteaux sont disponibles dans la région parisienne pour des tournages.

«Aujourd'hui nos tournages sont essentiellement liés à nos décors. C'est pourquoi (...) c'est toujours notre argument principal», ajoute-t-il.

Mais des incitations fiscales particulièrement attractives au Canada ou en Grande-Bretagne font que les producteurs se tournent souvent vers ces pays lorsqu'ils disposent de gros budgets, déplore M. Veillon.

Outre les scénaristes, la France attire les publicitaires.

«Les Japonais, pris d'une passion absolue pour le Vexin français», dans le nord-ouest de la France, ont régulièrement recours à ses paysages, rendus célèbres par les impressionnistes, pour des publicités automobiles.

Et les Chinois ont récemment embauché Leonardo DiCaprio pour huit jours de tournage devant l'église parisienne Saint-Augustin pour un spot publicitaire de 30 secondes vantant les mérites d'un téléphone intelligent.