Forest Whitaker, Oscar du meilleur interprète masculin pour son rôle d'Idi Amin Dada dans Le dernier roi d'Écosse, est un acteur polyvalent.

Mais dans La voie de l'ennemi de Rachid Bouchareb, en compétition pour l'Ours d'or, il fait carrément un grand écart. Comment? En reprenant le rôle d'Alain Delon dans une adaptation très libre du film Deux hommes dans la ville, sorti en 1973.

Ce nouveau film de Bouchareb - qui a déjà remporté deux prix à Berlin, dont l'Ours d'Or en 2001, sans oublier la palme d'or à Cannes en 2006 pour Indigènes - est un des gros morceaux de compétition. Mais les attentes étaient peut-être trop grandes pour un film un peu trop prévisible qui a été accueilli poliment, mais sans plus.

Le réalisateur et son scénariste, l'écrivain Yasmina Khadra, n'ont gardé que le squelette du film de 1973 pour raconter l'histoire d'un homme qui sort de prison, après 18 ans, et cherche à refaire sa vie en se heurtant à un mur de préjugés et d'incompréhension.

L'histoire, cette fois, se déroule à la frontière des États-Unis et du Mexique, dans un paysage désertique à la mesure du désert intérieur que vit le personnage.

Pour rester dans l'actualité du jour, Bouchareb, qui est d'origine algérienne et qui a grandi au sein d'une famille musulmane, a converti Willie, le personnage de Whitaker, à l'islam.

En conférence de presse, il s'est justifié en expliquant que l'islam est au coeur d'un débat quotidien et universel en ce moment, et que le cinéma est un bon prétexte pour en rendre compte. Sauf que son message, c'est que l'islam n'est pas une panacée.

Willie a beau chercher la paix intérieure dans l'islam, il ne la trouvera pas. Il est un homme condamné dès la première image du film. Comme l'a si bien dit Forest Whitaker, les happy ends ne sont pas pour lui.