Le réalisateur Michel Hazanavicius et le producteur Vincent Maraval, dont la tribune retentissante secoue le milieu du cinéma depuis plus d'un an, se disent favorables à la diffusion de certains films sur internet, dans le magazine So Films de février.

«Il y a une grosse mutation technologique en cours. Il va falloir prendre le virage d'internet sérieusement sans tout casser», relève Michel Hazanavicius (OSS 117, The Artist), également président de l'Arp (société des auteurs-réalisateurs-producteurs).

M. Maraval, cofondateur de Wild Bunch, estime lui que le succès de Canal+ (grand financeur du cinéma français via ses obligations) «est à reconstruire», dans une discussion sur l'avenir du cinéma retranscrite dans le magazine.

«Si on ne crée pas le Netflix de demain chez nous alors ce que Canal a empêché arrivera», poursuit-il, allusion au maintien d'une importante production grâce au système français de financement.

«Je ne suis pas contre le fait que Netflix s'installe en France mais pas depuis le Luxembourg et pas sans règle», insiste-t-il, alors que le groupe américain de vidéo à la demande envisage sérieusement de lancer prochainement ses services dans l'Hexagone.

Hazanavicius et Maraval s'en prennent aux grands groupes d'exploitation qu'ils accusent d'avoir «droit de vie ou de mort» sur les films, très vite retirés si le résultat n'est pas là à la première séance.

«Faute de sagesse de la part de l'exploitation, nous allons devoir sortir directement certains de nos films directement en VOD» (vidéo à la demande), préviennent-il.

Pour M. Hazanavicius, «un système d'avant-première sur internet permettrait à certains films de faire un peu mousser la chose».

Actuellement, la chronologie des médias empêche toute sortie autre qu'en salles pendant quatre mois avant le DVD et la VOD. Viennent ensuite les fenêtres de Canal+ puis celle des chaines en clair et enfin de la vidéo à la demande par abonnement (SVOD).

Concernant la production, Maraval «n'enlève rien» à sa précédente tribune où il fustigeait les salaires versés à certains acteurs sans que les entrées soient au rendez-vous.

Et de dénoncer les chaînes de télévision qui «exigent les mêmes vingt acteurs, les mêmes genres de films».