Le cinéaste hongrois Miklos Jancso, lauréat du prix de la mise en scène à Cannes en 1972, est décédé vendredi à l'âge de 92 ans.

L'annonce de son décès, survenu après une longue maladie, a été communiquée par l'Association hongroise des artistes du film.

Jancso était connu pour ses épopées historiques. Il avait remporté le prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 1972 pour son film Psaume rouge.

Dans les années 1960, les critiques plaçaient Jancso au côté de grands réalisateurs tels que Michelangelo Antonioni et Ingmar Bergman. C'était toutefois son utilisation de femmes peu vêtues, symbolisant l'incapacité à se défendre, qui attirait les foules dans une Hongrie prude et communiste.

Jancso est né le 27 septembre 1921 à Vac, une petite ville située au nord de Budapest. Ses parents étaient des réfugiés de la Transylvanie, qui a déjà fait partie de la Hongrie.

«Ma mère était Roumaine. Dans la vie, les membres de la famille étaient amis, mais d'un point de vue politique, ils étaient à l'opposé. (...) Pour moi, ce fut une grande leçon, le fait que les conflits, et encore moins la violence, n'arriveront jamais à résoudre les problèmes de nationalité», a déjà déclaré le cinéaste.

Entre avril et novembre 1945, il a été prisonnier de guerre. Il s'est joint au parti communiste en 1946.

«J'étais toujours préoccupé par la façon dont un individu pouvait naviguer à travers l'histoire», a indiqué Jancso, résumant le thème central de son oeuvre.

Après avoir réalisé une série de courts métrages dans les années 1950, ses Cantates ont attiré l'attention d'un large public, séduit par son talent exceptionnel et son style innovateur.

Au début des années 1970, Jancso vivait en Italie et a tourné Vices privés, vertus publiques, qui raconte le double suicide de Rudolf d'Autriche et de sa maîtresse en 1889.

En raison de ses scènes d'orgies, le film a été censuré en Italie et Jancso a été condamné à quatre mois de prison. Il a été acquitté en appel.

Parmi ses films les plus populaires, on note Les sans-espoir (1965), Rouges et blancs (1967) et Silence et cri (1968).

Il a aussi réalisé la coproduction franco-israélienne L'aube, créée en 1986 à partir du livre du lauréat d'un prix Nobel de la Paix Elie Wiesel.

«Le plaisir esthétique le plus noble est la découverte de la vérité», a déclaré Jancso au magazine Filmvilag.

Entre 1999 et 2006, il a tourné une série de six films racontant les aventures souvent absurdes de Kapa et Pepe, deux antihéros comiques interprétés par les acteurs Zoltan Mucsi et Peter Scherer. L'utilisation dans les films de chansons du groupe pop hongrois Kispal es a Borz a permis à l'oeuvre de devenir une série culte.

Jancso a été professeur à l'Académie du film de Budapest, et entre 1990 et 1992, il a enseigné à titre de professeur invité à l'institut des communications de l'Université Harvard.

Il a obtenu des prix soulignant l'ensemble de son oeuvre à Cannes en 1979, à Venise en 1990 et à Budapest en 1994.