La réalisatrice de Sarah préfère la course, Chloé Robichaud, s'intéresse à l'univers des lesbiennes au Québec avec son nouveau projet de websérie intitulée Féminin/Féminin.

La série, dont le titre est un clin d'oeil au Masculin féminin de Jean-Luc Godard, est l'idée de la cinéaste et de Florence Gagnon, présidente et fondatrice de la plateforme web LSTW, qui hébergera les épisodes.

«J'avais envie de présenter l'univers des lesbiennes au Québec, de quoi ça pouvait avoir l'air être lesbienne dans la jeune vingtaine», explique Chloé Robichaud, en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

La scénariste et réalisatrice souhaitait s'éloigner des clichés, de l'idée que le public en général peut se faire de l'homosexualité et des lesbiennes.

«C'est très correct qu'on parle des fois de l'homophobie, de la difficulté du coming out, des choses comme ça, mais dans le cas de Féminin/Féminin, ce n'est pas là qu'on avait envie d'aller. On a plus envie de présenter la réalité de tous les jours des lesbiennes, de montrer que dans un sens, deux filles en amour, ça ressemble à une fille et un gars en amour», ajoute-t-elle.

Noémie Yelle, Ève Duranceau, Éliane Gagnon, Kimberly Laferrière, Alexa-Jeanne Dubé et Carla Turcotte seront en vedette dans les différents épisodes, qui accueilleront également des invités surprises. Le ton de la série est léger, ce qui ne l'empêche pas d'être intense sans toutefois tomber dans le mélodrame.

La cinéaste ne le cache pas: elle croit que le projet risque d'intéresser particulièrement les membres de la communauté homosexuelle, mais elle est certaine qu'il pourra également rejoindre le public hétéro. «Ce n'est pas si loin de la réalité de n'importe quelle personne», estime-t-elle.

Et après avoir touché au cinéma avec beaucoup de succès - Sarah préfère la course a été présenté à Cannes et dans de nombreux festivals à travers le monde -, Chloé Robichaud affirme apprécier la portée qu'offre le format de la websérie. «Le web a la belle capacité de rejoindre un public très large et ce rapidement», souligne-t-elle.

«C'est sûr que je suis toujours une grande amoureuse du cinéma, j'aime que les choses soient vues sur grand écran, mais ce projet-là a la capacité d'être porteur par le web et je trouve ça parfait.»

La réalisatrice admet avoir dû s'adapter aux contraintes posées par le format, délaissant notamment les plans larges qu'elle privilégie et qui fonctionnent moins bien dans une oeuvre que plusieurs verront sur le petit écran de leur iPhone. Mais elle assure n'avoir pas négligé pour autant l'aspect esthétique de son projet.

«(Une websérie) peut être très cinématographique, et c'est le cas de Féminin/Féminin. Mon image est très travaillée, très réfléchie. Ce n'est pas parce que c'est sur le web qu'on fait ça avec notre téléphone cellulaire, on a quand même pris le temps de faire bien les choses», explique celle qui espère retrouver le grand écran d'ici la fin de l'année avec son prochain projet de long métrage, Pays, qu'elle écrit actuellement.

Un seul épisode de Féminin/Féminin a été tourné jusqu'ici. La cinéaste espère réaliser les sept autres épisodes ce printemps, pour une diffusion à compter de juin.

Le premier épisode de la série suit principalement le personnage de Léa, interprété par Noémie Yelle, dans sa conquête maladroite de l'amour. Il devait être accessible sur le site www.lezspreadtheword.com à compter de 19 h 30 mardi.