Née à Vancouver, Cobie Smulders a été mannequin. Puis actrice. À la télévision d'abord et, à l'approche de la fin de How I Met Your Mother, de plus en plus au grand écran. Son plus récent «fait d'armes»: donner la réplique à Vince Vaughn dans Delivery Man de Ken Scott. Parcours.

Pour plusieurs, elle est Robyn Sherbatzky de How I Met Your Mother. On l'a aussi croisée «chez» Nicholas Sparks, où elle a incarné une mystérieuse voisine dans l'adaptation cinématographique de Safe Haven. On l'a récemment applaudie dans The Avengers, où elle incarne l'agent du S.H.I.E.L.D. Maria Hill, rôle qu'elle reprendra dans Captain America: The Winter Soldier et dans The Avengers: Age of Ultron.

Mais entre-temps, l'actrice canadienne Cobie Smulders est devenue policière au NYPD, future maman et blonde du livreur de viande d'une boucherie de Brooklyn. Elle s'appelle Emma. Il s'appelle David Wozniak. Elle est enceinte de leur premier enfant. Mais lui découvre qu'il a déjà engendré 533 rejetons. Il y a quelques années, il a en effet été un (généreux) donneur de sperme.

L'histoire de Delivery Man «nous» est familière, bien sûr, puisque c'est le remake de Starbuck, coécrit (avec Martin Petit) et réalisé par Ken Scott. Qui a scénarisé le remake américain mettant en vedette Vince Vaughn et Chris Pratt, et qui a tenu la barre de cette deuxième mouture, produite par DreamWorks (oui, la boîte de Steven Spielberg).

Du réalisateur québécois, la Vancouvéroise d'origine vante la gentillesse et cette manière «d'être réceptif aux suggestions, même s'il connaît parfaitement cette histoire et ces personnages... puisqu'il a déjà tourné ce film».

Un film qui traite «de la dynamique familiale, mais sous un angle différent», dit-elle. C'est ce qui lui a plu dès son premier contact avec l'oeuvre, qui s'est fait par l'intermédiaire de Starbuck: «Mon agent m'a parlé du remake et m'a conseillé de voir l'original. Ma première réaction a été: «Mais pourquoi ils veulent refaire ça? C'est tellement bon tel que c'est!» Je me suis vraiment laissée prendre par l'histoire. D'habitude, dans ces films sur la famille, l'accent est mis sur ce que signifie être un parent, mais ici, on s'attarde davantage à ce que signifie être un enfant, peu importe notre âge, et à ce besoin que l'on a tous de faire partie d'un clan», a-t-elle indiqué dans l'entrevue qu'elle a accordée à La Presse.

Les «familles»

Mariée au comédien américain Taran Killam, mère d'une fillette de 4 ans et résidante de Los Angeles depuis neuf ans, elle reconnaît avoir un lien profond avec les États-Unis, mais dit tenir à ses racines et retourner au moins une fois par année à Vancouver, où vit toujours sa famille.

Des visites qui pourraient se faire plus régulières maintenant que la série How I Met Your Mother tire à sa fin. Après neuf saisons. Le dernier épisode sera tourné au mois de février. «J'imagine que ce sera O.K. de dire adieu à cette "famille"-là... mais, en fait, pour moi, ce ne sera jamais le bon moment de mettre un point final à cette aventure. C'est le meilleur emploi que j'ai eu dans ma vie, et peut-être le meilleur que j'aurai jamais.»

Et de se rappeler ses années de top modèle. «J'ai détesté. Mais en même temps, j'avais 17 ans, je vivais à Paris, à Milan. C'était agréable.» À part le travail comme tel. C'est pour cela qu'elle a tout arrêté. A pris des cours d'art dramatique. Elle a aimé. A tenté sa chance à Los Angeles.

«J'ai découvert le côté business de la chose. Les auditions, les photos, ne plus avoir d'auditions, faire le service aux tables pendant quelques semaines, se faire reprendre le portrait, passer encore une audition, etc.» Et, finalement, percer. «J'aime mon travail et j'aime où j'en suis dans ma carrière», dit-elle avec simplicité, de cette voix basse qui lui donne une longueur d'avance pour les rôles de filles solides. Même si elle n'est pas (que) cela. Même si elle doit faire attention à ne pas trop teinter ses personnages de cette couleur-là.

Emma, par exemple, qu'elle incarne dans Delivery Man. Policière à New York. «Tombée accidentellement enceinte de cet homme-enfant, de ce gars sous-performant qui la déçoit et avec qui elle va devoir faire équipe.» Elle a craint un moment que cette femme ne semble antipathique, trop agressive, écrasant David. Pour éviter le piège, elle a rencontré une policière travaillant au sein du NYPD. Mère célibataire. Avec un horaire dément. Le 9 à 5, elle ne connaît pas. «J'ai compris alors combien quelqu'un qui exerce ce genre de profession a besoin d'une personne fiable à ses côtés. J'ai alors compris Emma et ses inquiétudes.» Le personnage a ainsi éclos en elle. Elle lui a donné vie. Pas anonymement.

Delivery Man (Donneur anonyme) prend l'affiche le 22 novembre.

Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Studios Pictures.

Delivery Man en chiffres

3,4 : Sorti à l'été 2011, Starbuck a rapporté 3,4 millions au box-office québécois. Outre le remake américain écrit et réalisé par Ken Scott, il fait l'objet d'une relecture française (Fonzy) et une production indienne devrait s'amorcer à l'automne.

200 000 : En 19 années de dur labeur, le taureau canadien Starbuck, dont David Wozniak a emprunté le patronyme, a produit 685 000 doses de semence vendues dans 45 pays et engendré 200 000 vaches. Le fruit de son travail a rapporté 25 millions. Il est mort en septembre 1998.

600 : La réalité dépasse la fiction: le biologiste britannique Bertold Wiesner, qui dirigeait une clinique de fertilité dans les années 40, serait le père biologique de quelque 600 enfants.

6 : La production a eu six minutes, pendant la mi-temps d'un match des Knicks au Madison Square Garden, pour tourner les images d'une partie fictive où brille l'un des rejetons de David.

Vince Vaughn

Marié à Kyla Weber, une agente immobilière canadienne, il est devenu père à 40 et à 43 ans. Sa femme est tombée enceinte de leur deuxième enfant alors qu'il travaillait sur Delivery Man. Le film de Ken Scott l'a poussé à retourner à un registre moins léger que celui qu'il a exploité ces dernières années dans Couples Retreat, The Watch ou The Internship. Il tient ici le rôle-titre, qu'incarnait Patrick Huard dans Starbuck.

À propos de la paternité

«Je suis devenu père assez tard et je suis chanceux que ça ait fonctionné rapidement [rires]. Maintenant, je sais qu'un monde s'ouvre à soi quand on a des enfants. On essaie de faire pour eux le mieux possible en tout temps et dans tout. Je comprends aussi l'importance du respect entre les deux parents, qu'ils soient ou pas ensemble, car cela se répercute sur la manière dont les enfants se sentent par rapport à eux-mêmes.»

À propos de leur personnage

«Ce que j'aime de David Wozniak, c'est sa capacité à aimer, justement. Mais je n'ai pas besoin de m'identifier à un personnage pour l'interpréter, ni de m'inspirer directement de ma vie. Le meilleur atout de l'acteur, c'est son imagination.»

À propos de leur carrière

«Ce que j'aime de Delivery Man, c'est que c'est un «film parapluie»: il y a du drame, de la comédie, de l'émotion; alors qu'aujourd'hui, on voit surtout des films qui ne sont que comédie, que drame ou qu'action. Ça a été une expérience formidable. Pour ce qui est de la suite des choses, bien sûr, j'espère faire des choses différentes d'une fois à l'autre. C'est le plaisir et le défi de ce métier.»

Chris Pratt

Anna Faris et lui ont eu un fils en août 2012. Il est donc devenu père à 33 ans. On l'a récemment vu dans Moneyball et Zero Dark Thirty. On l'entendra prochainement dans The LEGO Movie et on découvrira l'an prochain son visage super héroïque dans Guardians of the Galaxy, où il incarnera Peter Quill/Star-Lord. D'ici là, il reprend dans Delivery Man le rôle de l'ami et avocat joué par Antoine Bertrand dans Starbuck.

À propos de la paternité

«Ça ne peut faire autrement que de vous changer. Avant la naissance de mon fils, je ne savais pas qu'il manquait quelque chose à ma vie. En fait, il ne me manquait rien. J'avais du fun, j'étais libre. Maintenant, tout est différent. Et mieux. À travers ses yeux, je redécouvre le miracle qu'est... je ne sais pas, un tiroir qui s'ouvre et révèle plein de trésors cachés dedans! C'est une autre fenêtre qui s'est ouverte et, à travers, je peux regarder le monde.»

À propos de leur personnage

«Contrairement à Brett, j'aime ma vie. J'avais donc une certaine distance face à lui. Par contre, je suis nouveau père et, si je n'ai pas un troupeau d'enfants comme lui, je sais parfaitement ce que c'est de manquer de sommeil.»

À propos de leur carrière

«Je ne cherche que les rôles rentables, les réalisateurs les plus importants et les grands acteurs [rires]. En fait, j'ai appris beaucoup sur le plateau de Delivery Man à côtoyer Vince. Partout où on allait, il se retrouvait rapidement entouré de fans. Ça peut sembler formidable, mais, au bout d'un moment, c'est écrasant. Eh bien, il les traitait tous avec gentillesse, donnant à chacun un petit morceau de lui-même.»