Jean-Louis Trintignant mettra définitivement fin à sa longue carrière avec un récital poétique, donné les 1er et 2 octobre dans un petit théâtre à Antibes a-t-il annoncé dans un entretien publié lundi par le quotidien régional Nice-Matin.

L'acteur français, qui fêtera ses 83 ans le 11 décembre, souligne avoir «encore plus de plaisir à jouer qu'à 30 ans». Il a fait sa dernière apparition au cinéma dans Amour du réalisateur autrichien Michael Haneke, film couronné par la Palme d'Or au Festival de Cannes 2012, puis par l'Oscar du meilleur film étranger.

«Mais je suis très vieux et j'ai du mal à me déplacer. Alors après ces deux dernières représentations, je ne fais plus rien. Ni théâtre, ni cinéma. Place aux jeunes», ajoute l'inoubliable interprète d'Un homme et une femme de Claude Lelouch, et du petit juge dans Z de Costa-Gavras en 1969.

Dans son dernier spectacle intitulé Trois poètes libertaires du XXe siècle, sur une musique d'accordéon et de violoncelle, il égrènera 35 poèmes de Boris Vian, Robert Desnos et Jacques Prévert.

«J'ai joué beaucoup de pièces, peut-être une centaine, mais c'est ce spectacle que j'aime le plus», confie-t-il au journal.

«Ce sont des poètes d'une incroyable résonance aujourd'hui. Ils parlent de choses graves, mais toujours de façon légère», souligne-t-il. «Moi aussi, j'ai ce côté anarchiste. Je ne vais pas aux enterrements, je ne vote pas et je m'intéresse aux petites gens, comme Prévert».

La poésie avait aidé Jean-Louis Trintignant à supporter la douleur de la disparition de sa fille, l'actrice Marie Trintignant, morte sous les coups de son ex-compagnon, le chanteur de rock français Bertrand Cantat à Vilnius en 2003.

«La mort de Marie fut la plus grande souffrance de ma vie», avait confié en 2012 M. Trintignant, qui avait lu des poèmes d'Apollinaire sur scène avec sa fille peu avant sa mort.

«Il me fallait suivre ce chemin. La poésie est devenue plus importante qu'elle ne l'était auparavant. Elle fut pour moi un refuge qui représentait une vie différente», avait-il déclaré en 2012 à l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur en 2012.

Jean-Louis Trintignant avait accepté de sortir de sa retraite cinématographique pour Amour de Michael Haneke.

«Je ne voulais plus faire de cinéma, seulement du théâtre», avait déclaré Trintignant en 2012 à Cannes, avant de conclure que faire un film avec Haneke, «l'un des plus grands cinéastes du monde, c'était une opportunité. Je n'en ferai plus d'autre».