Le cinéaste serbe Emir Kusturica, deux fois lauréat de la Palme d'Or au Festival de Cannes, envisage de réaliser un documentaire sur le président uruguayen Jose Mujica, homme politique au profil singulier, a annoncé à l'AFP une source proche du gouvernement uruguayen.

Selon Andres Copelmayer, producteur et conseiller gouvernemental impliqué dans le projet, le cinéaste a formellement donné son accord le week-end dernier en Belgique, où il a donné un concert avec son groupe The No Smoking Orchestra vêtu du maillot de l'équipe nationale d'Uruguay.

M. Copelmayer a précisé que M. Kusturica entendait consacrer son film à la vie de président de M. Mujica, ex-guérillero d'extrême gauche emprisonné et torturé sous la dictature (1973-1985), afin de produire un «legs humaniste transcendant les frontières». Le producteur a également indiqué que le président uruguayen avait attiré l'attention du cinéaste après son discours à la Conférence Rio+20, lors duquel il avait questionné le modèle de développement et de consommation des pays riches.

Au pouvoir depuis 2010 et âgé de 78 ans, le président Mujica se distingue de ses pairs par son style de vie d'une extrême simplicité. Il se déplace fréquemment sans garde du corps, reverse 87% de son salaire à des bonnes oeuvres et continue de vivre dans sa modeste «chacra» (ferme) du quartier populaire du Cerro, à Montevideo.

Selon M. Copelmayer, ce dernier le président a été quelque peu réticent avant de donner son accord au projet. Il s'est assuré au préalable que le cinéaste n'insisterait pas sur le thème «président le plus pauvre du monde» souvent mis en avant par les médias. M. Kusturica a indiqué qu'il préférerait le présenter comme «le président le plus libre du monde».

La société de argentine KS Films, productrice de précédents films tels que L'Histoire officielle (1985), Vies brûlées (2000) ou Kamchatka (2002), est partie prenante au projet, selon M. Copelmayer.

Le président uruguayen est actuellement sous les projecteurs pour être à l'origine d'un projet de loi qui, s'il est ratifié par le Sénat, ferait de ce petit pays sud-américain le premier au monde où l'État contrôlerait la production et la vente du cannabis.

Emir Kusturica a reçu deux fois la Palme d'Or à Cannes, pour Papa est en voyage d'affaires (1985) et Underground (1995). Il avait réalisé en 2006 un documentaire sur l'idole argentine du football Diego Maradona.