S'inspirer de films à jamais perdus pour entrer dans un intense processus de création. Voilà le pari que s'est lancé le réalisateur manitobain Guy Maddin. Un projet auquel une soixantaine de comédiens québécois ont répondu présents avec enthousiasme.

Depuis jeudi, Maddin est engagé dans le deuxième volet de Seances. Une oeuvre interactive et un long métrage seront réalisés à partir de 12 petits films tournés en 13 jours au Centre PHI, dans le Vieux-Montréal.

Seront ainsi recréés, selon la libre interprétation de Maddin, trois films québécois: Journée scoute d'Albert Tessier (1929), The Scorching Flame d'Armand Robi et Ernest Ouimet (1918) ainsi que Saint, Devil and Woman de Frederick Sullivan (1916).

Jeudi, Maddin tournait ce dernier film, qui à l'origine mettait en vedette la comédienne montréalaise et vedette du cinéma muet Florence LaBadie. «Certains affirment que LaBadie n'était pas québécoise. Mais je préfère les mythes, lance le réalisateur en riant. On traite donc le film comme étant québécois.»

Karine Vanasse, qui incarne le personnage que jouait Mme LaBadie, résume le scénario. «Mon personnage se retrouve à bord d'un train où il y a aussi un psychiatre et l'un de ses patients. La femme que j'incarne aura une séance de thérapie au terme de laquelle elle tuera son enfant intérieur», raconte la comédienne vêtue et coiffée en style d'époque.

S'il existe un fil conducteur entre les films, c'est le sentiment de perte, ajoute le cinéaste. «Il y a quelque chose de perdu dans chacune de ces histoires.»

Une solide distribution

Réalisateur manitobain, Maddin n'est peut-être pas le cinéaste le plus glamour, mais sa cote de crédibilité est haute dans le milieu cinématographique. On en a pour preuve le nombre impressionnant de comédiens connus qui travailleront avec lui dans les prochains jours. Carole Laure, Paul Ahmarani, Roy Dupuis, Céline Bonnier, Victor Andrés Trelles Turgeon, Anthony Lemke et Sophie Desmarais sont, entre autres, de l'aventure.

«C'est un grand artiste qui fait une carrière énorme et est reconnu internationalement même s'il ne fait pas des choses traditionnelles, souligne Carole Laure. Ses films sont expérimentaux et le traitement n'est pas classique. Toutes ses images sont travaillées. La postproduction de ses films est énorme.»

Se poursuivant jusqu'au 20 juillet, le tournage mont-réalais s'ajoute à un premier volet réalisé au centre Georges-Pompidou de Paris l'an dernier.

Le public est invité à venir voir l'équipe du film en plein travail. Les horaires se trouvent à l'adresse phi-centre.com. La sortie des deux projets, auxquels est aussi associé l'Office national du film, est prévue en 2014.