François Cluzet n'a jamais vu Humpday, le film américain dont Do Not Disturb est le remake. Il n'a pas voulu. Il ne compte pas le voir non plus.

«Parce que si le type qui joue le même rôle que le mien est extraordinaire, je vais partir complexé! , commentait-il au cours d'une rencontre de presse tenue à Paris. C'est la même chose quand on tourne une adaptation cinématographique d'un roman. Je préfère m'en tenir au scénario et au point de vue du cinéaste. Cela me suffit.»

Or, il se trouve qu'a posteriori, l'acteur ne semble pas partager tout à fait la vision du film du réalisateur Yvan Attal, aussi son partenaire de jeu.

Pas des amis

«Je ne vois pas Ben et Jeff comme deux vrais amis. Je vois plutôt Jeff - mon personnage - comme un opportuniste qui, au nom de l'amitié, va trouver le gîte et le couvert. S'ils étaient deux grands amis, ils se connaîtraient trop. Ils seraient alors incapables de tourner une scène porno gaie ensemble. À mes yeux, Ben et Jeff sont plutôt deux types qui se provoquent. Il y a des rancoeurs encore non réglées entre eux.»

Cluzet apprécie toutefois l'ouverture des deux hommes quant à la sexualité.

«Ils ne sont pas effrayés à l'idée d'être homos, analyse-t-il. Il était intéressant de montrer ces hommes sous ce jour-là. Ben et Jeff ne sont pas des brutes épaisses. Ils sont des artistes dans l'âme et ne craignent pas de reconnaître leur côté «féminin». Comme le font les acteurs, d'ailleurs. Un acteur qui n'aurait aucune féminité en lui ne pourrait pas exercer ce métier. Personnellement, tout ce qui n'est pas moi m'enchante. Ça m'intéresse de jouer tout ce que je ne suis pas dans la vie. Reproduire ma propre vie à l'écran n'aurait aucun intérêt.»

Dans Do Not Disturb, François Cluzet s'est retrouvé à donner la réplique à un partenaire qui assurait aussi la réalisation du film.

«C'était un peu schizo- phrénique comme situation, admet-il. Quand Yvan me dirigeait, j'avais envie de le diriger aussi! On a essayé de faire les choses ensemble, mais cela crée une situation un peu délicate. Je n'en ai pas souffert, mais ça m'a frustré par moments.»