New York. Plusieurs observateurs ont été surpris d'apprendre que Baz Luhrmann tournait son adaptation de The Great Gatsby avec des effets en relief. À Hollywood, la 3D est en effet surtout réservée aux superproductions tapissées d'effets spéciaux.

«Cette décision fut prise très tôt dans le processus, a révélé le cinéaste au cours d'un entretien accordé à La Presse. F. Scott Fitzgerald était très au fait des nouveautés technologiques de son époque, et avide de modernité. Il était d'ailleurs très intéressé par le cinéma. Fanatique, même. Il me semblait naturel d'utiliser les meilleurs outils mis à notre disposition aujourd'hui pour mettre en scène son oeuvre phare.»

Luhrmann doit aussi son choix de la 3D à un dénommé Alfred Hitchcock...

«J'ai demandé à ce qu'on sorte des voûtes de Warner Bros. une copie de Dial M for Murder, que Hitchcock avait filmé en 3D en 1954. On m'a organisé une séance de visionnement avec les projecteurs originaux de l'époque. Il fallait s'arrêter entre chaque bobine. On ne voit que des acteurs qui jouent, et pourtant, c'est fantastique. Grace Kelly s'avance vers toi et c'est magique. C'est là que je me suis rendu compte à quel point cette technique pouvait aussi s'harmoniser magnifiquement avec les films dramatiques.»

Un procédé simple

Pendant le tournage, le cinéaste a été étonné par la simplicité de la technique.

«Je croyais que les effets en relief allaient rendre le tournage un peu plus lourd, mais non. J'étais bien entouré, cela dit. La seule différence, de mon point de vue en tout cas, est de parfois faire bouger les acteurs plutôt que d'effectuer un mouvement de caméra. En 3D, l'effet est plus naturel quand il provient de l'acteur lui-même.»

Baz Luhrmann estime toutefois que les effets doivent être intégrés naturellement à une histoire.

«Ce qui m'importe, dit-il, c'est que The Great Gatsby soit un bon film, peu importe le support sur lequel il sera vu. Je souhaiterais que même dépouillé de ses effets ou de ses couleurs, il soit encore bon. La première fois que j'ai vu Lawrence d'Arabie, c'était dans la maison de mon enfance sur une télé en noir et blanc. Et j'ai adoré le film. Quand je l'ai revu plus tard dans une salle avec une projection en 70 mm, j'ai bien sûr été soufflé. C'est beaucoup plus impressionnant. Mais à la base, le film doit être bon. C'est ce à quoi je m'emploie d'abord, au-delà des effets qui viennent ensuite enrichir l'expérience du spectateur.»