En France, L'homme qui rit a pris l'affiche pendant la semaine de Noël. Le pays était alors plongé dans le feuilleton Gérard Depardieu: son exil fiscal en Belgique, la réponse maladroite du premier ministre Ayrault, l'attribution d'un passeport russe et les accointances avec Vladimir Poutine. Pour le cinéaste Jean-Pierre Améris (C'est la vie, Les émotifs anonymes), cet épisode a emprunté la forme d'un véritable cauchemar.

«Le film n'aurait peut-être pas obtenu un succès incroyable, mais là, je crois que toute cette controverse a eu un effet dévastateur sur la carrière du film en salle, analysait récemment le cinéaste lors d'une interview accordée à La Presse. Des exploitants de salle en province n'ont pas voulu montrer le film parce que les gens étaient trop en colère contre Gérard.»

Le coup a été très difficile à encaisser. L'homme qui rit constituait pour Jean-Pierre Améris la concrétisation d'un rêve de cinéaste.

«La lecture du roman de Victor Hugo m'avait bouleversé à l'adolescence et cette histoire ne m'a jamais lâché, raconte cet homme très grand, complexé dans ses jeunes années du fait de toujours dépasser les autres de plusieurs têtes.

«Quand un producteur m'a posé la question: quel film aimerais-tu faire? J'ai tout de suite pensé à L'homme qui rit. Je me reconnais totalement dans le personnage de Gwynplaine. Et je suis particulièrement heureux d'avoir fait appel à Marc-André Grondin pour le jouer. Marc-André m'avait bouleversé dans C.R.A.Z.Y. - une histoire sur la difficulté de l'adolescence encore - et je l'ai toujours trouvé formidable dans les films français aussi. Il était parfait pour le rôle. Il a ce beau regard troublant, et une espèce d'étrangeté merveilleuse qui convient magnifiquement au personnage.

Je trouve un peu de réconfort à l'idée que les films ont maintenant d'autres vies après leur carrière en salle.»