Actrice caméléon à la filmographie impressionnante, travailleuse acharnée formée au théâtre, la Française Isabelle Huppert fête ses 60 ans samedi avec une même passion inassouvie.

Brillante et audacieuse, cette comédienne dont la sensualité ambiguë et l'énigmatique visage de rouquine font merveille, se glisse aussi bien dans la peau d'une fausse ingénue, d'une garce, d'une pianiste sulfureuse ou d'une mère supérieure un peu trop affectueuse.

Pour l'actrice américaine Jessica Chastain, Huppert est «l'idole absolue» alors que Nicole Kidman disait récemment qu'elle aimait la façon dont Huppert «se mettait constamment en danger».

On la verra bientôt dans La belle endormie de Marco Bellocchio ou Dead Man Down de Niels Arden Oplev avec Noomi Rapace et Colin Farell.

Fin août ou début septembre, sortira Abus de faiblesse, de Catherine Breillat, d'après sa propre histoire: une relation autodestructrice entre une femme metteur en scène devenue subitement hémiplégique et un escroc flamboyant qui l'attire.

Et encore au programme cet été le tournage de Body Art avec Denis Lavant et le réalisateur canadien David Cronenberg qui, pour une fois, sera comédien.

Antistar

Née le 16 mars 1953 dans un milieu aisé, entourée de ses trois soeurs qui évoluent dans le monde du spectacle, Isabelle Huppert a été formée aux conservatoires de Versailles et de Paris, avant de débuter au théâtre avec Antoine Vitez et Robert Hossein.

Jeune fille faussement sage dans Les valseuses de Bertrand Blier (1973), elle est remarquée dans Le juge et l'assassin de Bertrand Tavernier, où elle joue Rose, la fiancée du manipulateur juge Rousseau (Philippe Noiret).

Après plusieurs autres films français, elle est récompensée en 1996 par un César reçu pour La cérémonie de Claude Chabrol, son réalisateur fétiche avec lequel elle a tourné sept films, parmi lesquels Une affaire de femmes ou le dernier, L'ivresse du pouvoir (2006).

Au Festival de Cannes dont elle est une habituée, elle a remporté deux prix d'interprétation, en 1978 pour Violette Nozière (Chabrol) et en 2001 avec La pianiste de l'Autrichien Michael Haneke, où elle campe un professeur de piano au sadisme glaçant.

En 2009, lorsqu'elle préside le jury du Festival de Cannes, la Palme d'or est décernée à Haneke (Le ruban blanc), avec lequel elle avait tourné Le temps du loup. L'Autrichien l'a reprise récemment pour le triomphal Amour, où elle incarne la fille du duo Emmanuelle Riva/Jean-Louis Trintignant.

Huppert est en effet une fidèle comme avec le réalisateur Benoît Jacquot. Ils en sont à cinq longs métrages comme Les ailes de la colombe, L'école de la chair, Villa Amalia.

Actrice éclectique, elle multiplie les collaborations à l'étranger, de l'Italie aux États-Unis en passant par les Philippines avec Brillante Mendoza (Captive) et a été récompensée d'un Lion d'or pour sa carrière à la Mostra de Venise en 2005.

Au théâtre elle a travaillé sous la direction de Bernard Murat, Peter Zadek, Bob Wilson (Orlando), Jacques Lassalle (Médée). Elle va bientôt monter sur les planches aux côtés de Cate Blanchett dans une nouvelle adaptation de l'oeuvre de Jean Genet Les Bonnes à Sydney.

Antistar à la vie privée préservée, Isabelle Huppert est mère de trois enfants dont l'actrice Lolita Chammah avec laquelle elle a partagé l'affiche en 2010 dans «Copacabana» de Marc Fitoussi, sur les relations mère-fille.