L'Osservatore Romano a surpris cette semaine en saluant l'épaisseur humaine de Daniel Craig dans Skyfall, le dernier James Bond: une critique de film qui ne fait que confirmer une ouverture depuis 2007 du journal du Vatican aux sujets culturels et de société.

«Le Bond d'aujourd'hui obéit moins à des clichés, il est moins attiré par les plaisirs de la vie, plus profond et introspectif, moins invulnérable physiquement et psychologiquement, pour cela plus humain, capable même de s'émouvoir et de pleurer: en un mot plus réel», a écrit mercredi dans un long commentaire remarqué Gaetano Vallini, sous le titre «Skyfall, un des plus réussis de la saga 007».

Selon le chroniqueur du journal du Saint-Siège, «la clé de lecture de ce film est l'affrontement entre générations», entre une qui croit tenir son pouvoir de «mécanismes informatiques sophistiqués» et une plus ancienne dans laquelle «l'homme, avec son entraînement mental et physique, reste essentiel, pour qui les supports techniques sont nécessaires mais pas indispensables».

Le quotidien le plus catholique du monde, qui a 151 ans, est encouragé par Benoît XVI à aborder sans peur les questions culturelles, sociétales et artistiques, et non à demeurer en dehors des débats du temps.

Depuis 2007, avec l'appui de Joseph Ratzinger, son nouveau directeur, l'historien Giovanni Maria Vian, a imprimé une nouvelle ouverture: la critique du film de Sam Mendes est dans la droite ligne de nombreuses autres critiques sur divers évènements culturels, littéraires, artistiques, historiques.

De même l'idée selon laquelle le pape lui-même contrôlerait directement le contenu de l'Osservatore Romano semble dépassée. Le journal du Vatican a une certaine liberté éditoriale, même s'il est composé de catholiques convaincus qui respectent la pensée du pape et s'il reste un organe par lequel des textes, décisions et positions officielles sont rendus publics.

Un autre accent est apparu dans le journal, avec l'appui de Benoît XVI: le journal publie désormais un supplément mensuel pour les femmes. Depuis le 1er novembre, l'édition espagnole de l'Osservatore est aussi dirigée par une journaliste espagnole, Marta Lago.