Cinquante ans après la sortie sur grand écran du premier James Bond, une série d'événements marque vendredi l'anniversaire de la saga cinématographique du célèbre espion britannique, qui a su s'adapter aux bouleversements historiques, culturels et technologiques.

C'est en effet le 5 octobre 1962 qu'est projeté à Londres James Bond 007 contre Dr No, dans lequel Sean Connery, jouant au baccara, allume une cigarette et se présente avec la formule devenue mythique: «Bond... James Bond».

L'agent secret le plus connu au monde a été joué par six acteurs différents au long des 22 épisodes de ses aventures. Mais il a toujours gardé le même goût pour les voitures de sport, les jolies femmes, les gadgets high-tech et le vodka-martini, «secoué, pas remué».

«Le coeur de l'univers de Bond est immuable: il est obsédé par le sexe et la violence, hyper-masculin, nationaliste de façon simpliste, et accro à une consommation ostentatoire», explique à l'AFP Christoph Lindner, qui a dirigé l'ouvrage collectif The James Bond Phenomenon: A Critical Reader (Le phénomène James Bond: une lecture critique).

Parmi les événements prévus vendredi dans le cadre de cette «journée mondiale James Bond», une vente aux enchères à Londres; une enquête pour déterminer le film de James Bond préféré dans chaque pays; une installation au Musée d'art moderne de New York (MoMa) dédiée à Goldfinger (1964) et destinée «à capturer la suggestivité sexuelle et l'ironie désabusée» de 007; une nuit consacrée à «la musique de Bond» à Los Angeles.

Une exposition des objets cultes des films, Designing 007, 50 years of James Bond Style, ouvre à la fin du mois à Toronto, après être passée cet été par le centre Barbican à Londres.

L'agence du tourisme britannique a également lancé une campagne à travers 21 pays avec le slogan «Bond is GREAT Britain».

Un nouveau documentaire, Everything or Nothing: The Untold Story of 007 (Tout ou rien: l'histoire secrète de 007) doit aussi sortir, évoquant notamment Ian Fleming, le créateur britannique du personnage de James Bond.

Et le 23 octobre sort à Londres le 23e film de la série, Skyfall, dans lequel Daniel Craig incarne James Bond pour la troisième fois.

La chanson du générique du dernier épisode, interprétée par la Britannique Adele, sera dévoilée vendredi à 00h07 locales. Elle commençait déjà, à la suite de fuites, à être disponible sur internet mardi.

Il y a cinquante ans, peu de gens auraient parié sur un tel succès. Quand Dr. No, adapté du roman de Fleming, est sorti, la critique était mitigée, le Time Magazine qualifiant le personnage de Bond joué par Sean Connery de «grand marshmallow poilu».

Stephen Watt, coauteur de Ian Fleming and James Bond: The Cultural Politics of 007, attribue l'endurance de la «marque» James Bond à sa capacité à capter l'air du temps.

Le Bond à l'imposante musculature de Craig contraste avec le personnage plus badin interprété par Roger Moore et le macho à l'ancienne campé par Sean Connery.

«Les séries 007 présentent désormais un héros qui est vulnérable émotionnellement, faillible, et à beaucoup d'égards brisé psychologiquement», explique Christoph Lindner.

Les films ont aussi évolué avec les changements géopolitiques: «On est passé des méchants de la guerre froide aux méchants postcommunistes aux terroristes post-11 septembre et ainsi de suite», constate-t-il.

Selon Stephen Watt, cette capacité à refléter les changements du monde est cruciale pour la survie de la série. «Pour rester actuel, les menaces contre l'Occident doivent faire partie du tableau», dit-il.