À Ciné Québec, la productrice Denise Robert était flanquée de Marc Labrèche et de Sylvie Léonard pour discuter de L'âge des ténèbres de Denys Arcand, sans contredit l'un des films les plus attendus de l'année.

La question qui nous brûlait les lèvres concernait bien entendu la présence éventuelle du film au Festival de Cannes, là même où Les invasions barbares, lauréat du prix du meilleur scénario (sans oublier le prix d'interprétation remis à Marie-Josée Croze) avait amorcé une carrière internationale fulgurante il y a quatre ans.

L'âge des ténèbres, dont la grande première devrait en principe avoir lieu le 22 avril à Montréal, prendra en effet l'affiche chez nous alors que le plus grand festival de cinéma du monde s'apprêtera à dérouler son tapis rouge.

Alors? Compétition? Présentation spéciale? Film d'ouverture? La productrice assure qu'aucune décision n'est prise à cet égard et que, de toute façon, il ne faut jamais présumer de rien.

«Il est bien certain que les dirigeants du Festival de Cannes s'informent de l'évolution des choses et qu'ils nous ont fait part de leur intérêt, explique Denise Robert. Pour eux, Denys fait partie de la famille cannoise. Cela dit, rien n'est encore acquis. De toute façon, nous n'en sommes pas encore là dans nos préoccupations. Notre tâche principale, pour le moment, est de mettre les dernières touches afin que le film soit le meilleur possible. On est super heureux quand on obtient une sélection, mais il ne faut pas en revanche faire un film en fonction d'un festival. Sinon, on risque d'être déçu. »

Marc Labrèche, l'un des rares à avoir eu accès à un premier assemblage, sort évidemment ravi de son expérience avec Arcand. «J'ai été immensément impressionné par l'état d'esprit très libre qui habite Denys, même après un triomphe comme Les invasions barbares, même avec les attentes énormes que son film suscite.»

Rappelons qu'outre Marc Labrèche et Sylvie Léonard, L'âge des ténèbres met à l'affiche une distribution impressionnante, parmi laquelle on retrouve Diane Kruger, Rufus Wainwright, Emma de Caunes, Macha Grenon, Caroline Néron, Benoît Brière, Bernard Pivot, Véronique Cloutier, Michel Rivard, sans oublier Thierry Ardisson.

Quel destin pour Soie?

De son côté, François Girard met présentement la dernière touche à Silk, cette adaptation du roman très fin d'Alessandro Baricco. « J'en suis à l'étape du mixage, notamment sur le plan de la trame musicale qu'a composée Ryuichi Sakamoto», précisait le cinéaste québécois, lui aussi présent à l'événement Ciné Québec.

Si on ne peut jamais présumer du destin d'un film sur le circuit des festivals, Girard serait quand même surpris d'être sélectionné pour la fête cannoise. «Tout simplement parce que je n'ai jamais fait partie de cette famille-là, explique-t-il. Habituellement, un festival aime suivre les cinéastes qu'il a révélés. Dans mon cas, ce fut le Festival de Toronto.»

Comme Soie est une coproduction entre le Canada, le Japon et l'Italie, Girard évoque aussi les festivals de Tokyo et de Venise. Comme il s'agit de l'adaptation d'un roman écrit par un auteur italien, il y a fort à parier que la Mostra manifeste un intérêt.

«Mais il y a désormais le Festival de Rome avec lequel il faut aussi compter, fait remarquer le cinéaste. Les deux festivals sont d'ailleurs rivaux. Il sera intéressant de voir de quoi il en retourne.» Il est vrai que le Festa Internazionale di Roma, qui dispose de très grands moyens malgré son très jeune âge, semble faire un puissant lobby. Denise Robert a elle aussi évoqué le nouveau happening italien. À suivre.