Le preneur de son et mixeur Hans Peter Strobl s'est éteint le 21 juillet dernier à l'âge de 65 ans, laissant un grand vide dans le milieu du cinéma québécois. Véritable légende du milieu de la postproduction, il a été le mentor de toute une génération de concepteurs et de mixeurs au Québec.

«Lorsqu'un bon artisan de notre cinéma meurt, c'est une grande perte, soupire Pierre Véronneau, conservateur de cinéma québécois à la Cinémathèque québécoise. Une personne comme ça, qui roule sa bosse depuis plus de 30 ans dans la prise de son et dans le mixage, détient toute une expertise.»

Avec près de 400 films, des prix Génie, des Gemini et des Jutra, Strobl a été un des mixeurs les plus actifs au Québec. C'est d'ailleurs en partie grâce à des gens comme lui que l'industrie du cinéma québécois rayonne.

«La qualité des techniciens québécois est reconnue un peu partout. Ce sont des gens comme Hans Peter qui la font, ajoute M. Véronneau. Ce sont des artisans rigoureux qui ne font pas juste peser sur des pitons.»

Autrichien d'origine, Hans Peter Strobl a commencé sa carrière comme chef du studio d'enregistrement de l'Orchestre symphonique de Vienne. Une ville natale qu'il a quittée «par amour pour moi», confie sa femme Louise Gariépy.

Strobl s'est lancé dans le cinéma après avoir traversé l'Atlantique. Il a touché à la fiction comme au documentaire à l'ONF et dans des studios privés. C'est lui qui a d'ailleurs formé un de ses fils au métier qu'il a chéri toute sa vie.

D'une grande sensibilité, parfois intransigeant à l'égard du travail mal fait, Strobl est de ces hommes dont tous vantent la rigueur et le travail impeccable. «Il a toujours accordé beaucoup d'importance au dialogue et au propos du film dans son ensemble», souligne Martin Cazes, président du studio de son Marko, où Strobl a fondé la division cinéma.

Soie, de François Girard, est le dernier film sur lequel Hans Peter Strobl a travaillé. Il doit prendre l'affiche au Québec en septembre prochain.