Contrairement à Shrek et ses comparses, Les rois du surf, version française de Surf's Up, auront des voix québécoises. Celles de Benoît Brière, Rachid Badouri et Mariloup Wolfe, notamment, qui nous racontent comment ils s'y sont pris pour se glisser dans la peau d'une bande de pingouins amateurs de grosses vagues.

Audition était le mot juste, et dans son sens premier, lorsque Benoît Brière s'est retrouvé parmi les candidats au doublage de Surf's Up, qui allait devenir Les rois du surf sous la direction de Manuel Tadros. Les gens de Sony Pictures Animation tiennent en effet à approuver toutes les voix qui vont se substituer à celles qui, à leurs oreilles, ont créé les rôles.

«Et comme ils ne comprennent pas le français, ils vérifient si ce qu'ils entendent s'apparente à ce qu'ils ont voulu mettre dans le personnage», explique le comédien qui a ainsi créé «son« Big Z à partir de celui que Jeff Bridges a vocalement campé: «Il l'interprète de manière nonchalante et désabusée. J'ai donc cherché le nonchalant et le désabusé en Benoît, pour rendre l'esprit du personnage mais à ma manière, et sans imiter.»

Big Z, donc, est au coeur des Rois du surf - autre film d'animation mettant des pingouins en vedette. Eux, ne chantent ni ne dansent - nous ne sommes pas dans Les petits pieds du bonheur. Ils surfent. Big Z a été champion de ce sport. Jusqu'à ce qu'il disparaisse.

Deuil dans la communauté. Mais sa légende, elle, ne s'est pas éteinte. Elle brûle en Cody, qui participe au grand championnat de surf où il rencontre un grand flanc mou (qui ne l'est peut-être pas tant que ça), un coq-surfeur qui doit remporter la palme s'il ne veut pas passer à la casserole et Lani, une charmante surveillante de plage qui attirera les regards de Cody.

Pour donner de la corde vocale à ce jeune couple en devenir, Zooey Deschanel et Shia LaBeouf en anglais; Mariloup Wolfe et Rachid Badouri en français. Une première expérience pour la comédienne que l'on a pu voir dans À vos marques... party! et que les jeunes ont adopté depuis longtemps pour son rôle dans Ramdam. Une deuxième pour l'humoriste que l'on a récemment pu entendre en Mambo, dans la version française de Happily N'Ever After (Au royaume désenchanté).

Eux aussi, ont passé une audition. Puis, créé leur personnage à partir de ce qu'ils ont perçu à l'écran. «Ma Lani est plus ado, moins femme que celle de Zooey Deschanel, mais son esprit est le même«, indique Mariloup Wolfe dont le mandat était de ne pas - trop - changer sa voix. Afin qu'on la reconnaisse - la tendance actuelle, dans les films d'animation doublés au Québec, étant d'engager des noms connus pour des raisons de promotion.

De nouveaux venus tels Patrick Huard (Garfield) et Benoît Brière (Robots) font ainsi leurs armes aux côtés de vétérans de cette technique... très technique. «Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, où l'animation se fait parfois à partir de l'enregistrement des voix - ça a commencé avec Robin Williams dans Aladin - nous ne pouvons pas improviser et nous devons être synchro avec ce qui se passe à l'écran», note Benoît Brière.

Mais, peu importe les contraintes, il adore ce boulot: «Même si... et c'est horrible ce que je vais dire là, mais c'est vrai, en tant que spectateur, je vais toujours voir les films en version originale. Je préfère le sous-titrage au doublage - où il y a toujours le risque qu'un peu de la vérité du jeu se perde. Je le vois quand je dois reprendre des lignes en studio après un tournage: la communion n'est pas la même.»

Sauf qu'en animation, la question ne se pose pas. Et ne se posera pas tant que les personnages animés ne seront pas doués de parole! D'ici là, des acteurs prendront le crachoir à leur place. Avec (in) discipline... en ce qui concerne le très verbomoteur Rachid Badouri, que Manuel Tadros a eu à rappeler à l'ordre à quelques reprises: «Il me disait: Qui t'a demandé de rajouter un Man à la fin de la phrase?! Recommence!» raconte-t-il en rigolant. Mais, bon, il le sentait comme ça, lui. Et il n'est pas dit qu'il n'a jamais eu le dernier... mot!

Les rois du surf prend l'affiche le 8 juin.