Le quatrième film de Richard Desjardins et de Robert Monderie, Le peuple invisible, ouvrira le 26e Festival de cinéma international d'Abitibi-Témiscamingue le 27 octobre prochain.

Après le documentaire L'erreur boréale sur l'industrie forestière, les complices sont allés voir «l'Indien derrière l'arbre», comme indique le chantre Desjardins. Il s'agit cette fois d'une oeuvre socio-historique qui cherche à rendre visible une nation autochtone, les Algonquins, dont on ignore à peu près tout.

«J'ai déjà demandé à des étudiants de cégep quel était le nom de ce peuple qui vit depuis 6000 ans entre Laval et Val-d'Or, raconte Richard Desjardins. Seulement deux sur environ 200 étaient au courant.»

Mais le poète-cinéaste fait aussitôt amende honorable. Il a pratiquement tout appris sur les Algonquins en tournant le film.

«On est sortis de ce tournage en se disant qu'être un Indien, c'est un job à plein temps. Même si ce sont «nos Indiens», je partageais la même connaissance que tout le monde. Dans le parc de la Vérendrye on roule sans savoir que derrière les arbres, leur village se trouve parfois à deux ou trois kilomètres», raconte-t-il. Le film raconte l'histoire des Algonquins à l'aide de documents historiques et des quelques rares images d'archives disponibles.

«On ne touche pas à la question culturelle. On parle de leurs origines, leur déplacement, les événements majeurs jusqu'à leur quasi- extinction en 1900. C'est déjà beaucoup», souligne Richard Desjardins.

L'histoire a divisé cette nation de plusieurs façons. Certains parlent français, d'autres anglais, par exemple, et la nation algonquine n'a, pour ainsi dire, presque jamais agi de façon commune.

«Ils ont goûté à la première colonisation puisqu'ils vivaient aux portes de Montréal, explique-t-il. Et quand sont arrivés massivement les colons et les bûcherons en 1900, qui se nourrissaient dans leur garde-manger, ils ont failli y passer. L'impact de ça est encore visible. Ils ont énormément de difficulté à se fédérer.»

L'artiste précise que les conditions de vie varient beaucoup entre la dizaine de communautés algonquines situées en Abitibi et au Témiscamingue, mais qu'il s'agit bien souvent d'une pauvreté extrême, difficile à imaginer pour des citadins en 2007.

«Et tant qu'il n'y aura pas de négociation sérieuse avec Québec, ça va continuer de se dégrader», dit-il avant d'ajouter que, malgré tout, les Algonquins «restent incroyablement de bonne humeur, c'est étonnant».