Très américaine, la 64e Mostra accueille dimanche un film sur le légendaire bandit Jesse James joué par Brad Pitt tandis que Woody Allen présente hors compétition Cassandra's dream, l'histoire d'un assassinat planifié comme une petit entreprise familiale.

Dimanche, la montée des marches du palais du cinéma sur le Lido s'annonçait comme la plus glamour de tout le festival (29 août-8 septembre) grâce au couple star Brad Pitt et Angelina Jolie, tandis que les acteurs de Hollywood continuaient d'affluer: Adrien Brody, Richard Gere, Johnny Depp, Bill Murray.

En lice pour le Lion d'or et dévoilé en avant-première mondiale, le très attendu The assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford est le deuxième film du Néo-zélandais Andrew Dominik, 40 ans, après Chopper en 2000 déjà basé sur la vie d'un célèbre criminel, l'Australien Chopper Read.

Comme l'annonce le titre, le réalisateur a axé cette superproduction sur la relation entre le célèbre hors-la-loi et son assassin, un membre de la bande avec qui il commit ses derniers forfaits.

En choisissant de se concentrer pendant près de trois heures, sur la seule relation entre un bandit hermétique et méfiant, à la gâchette facile incarné par Brad Pitt, et son meurtrier, un ex-complice dont curieusement, l'admiration tourne à la schizophrénie, Dominik réduit ses personnages.

Car il gomme notamment les origines sociales de la rébellion de Jesse James, les difficultés économiques de sa famille de petits fermiers pro-esclavagistes, et les conséquences tragiques qu'aura pour elle la défaite du camp sudiste lors de la Guerre de Sécession.

Musique et récit en voix off omniprésents, ralentis, bords de l'image floutés, image panoramique à la photographie très travaillée: nombre de choix de mise en scène de The assassination of Jesse James sont là pour souligner le caractère légendaire du personnage, au risque de fatiguer le spectateur.

Mais le décalage est grand entre le caractère épique voulu par le cinéaste et l'argument du film lui-même.

Dans le duel d'acteurs entre Brad Pitt alias Jesse James et Casey Affleck (American pie, Ocean's eleven), qui incarne Robert Ford, le second vole la vedette au premier avec une composition de lâche pleine de nuances et d'ambiguïté.

Quant à Woody Allen, il présente à Venise Cassandra's dream, où Colin Farrell et Ewan McGregor jouent deux frères, jeunes Britanniques ordinaires, prêts à tuer un homme pour «rendre service» à leur richissime oncle d'Amérique, joué par Tom Wilkinson.

Ni le premier, désespéré par ses dettes de jeu, ni le second, désireux de satisfaire les goûts de luxe d'une belle fille, n'imaginent une seconde les conséquences que cet acte aura sur leur vie.

Woody Allen livre ici un film au ton légèrement acide et désabusé sur deux meurtriers par opportunisme, dont le thème se rapproche de celui du britannique Ken Loach, It's a free world, projeté la veille à la Mostra, sur l'exploitation des travailleurs immigrés.

Dans ces deux fictions affleure l'idée très contemporaine que dans un monde de plus en plus matérialiste, chacun doit saisir sans scrupules sa «part du gâteau» par n'importe quel moyen.