Le réalisateur bosniaque Danis Tanovic, dont No Man's land a remporté en 2002 l'Oscar du meilleur film étranger, est accusé par une association serbe bosniaque d'avoir utilisé des images de victimes serbes en les présentant comme étant des Musulmans.

«Il s'agit d'une imposture», a déclaré vendredi à l'AFP Dragisa Andric, président de l'Association de Bosnie orientale des ex-prisonniers serbes bosniaques de la guerre intercommunautaire de 1992-95.

Il assure que Tanovic a monté dans son film des images d'archive montrant des victimes serbes présentées dans le cadre d'une séquence évoquant la campagne militaire des forces serbes contre les musulmans de Bosnie.

Ces victimes faisaient partie, selon la même source, d'un groupe de 25 civils massacrés en août 1992 par les forces musulmanes à Kukavice, un village près de Gorazde.

«Ces images ont été reconnues par des rescapés serbes de Gorazde, qui vivent aujourd'hui à l'étranger», explique M. Andric, en ajoutant que les mêmes cadres ont été utilisés dans un documentaire sur les victimes serbes produit pas son association.

Selon lui, les images ont été tournées après le massacre, en octobre 1992, par un membre de la Force de protection des Nations Unies (Forpronu).

Quatre cadres montrant plusieurs cadavres en décomposition le long d'une route, filmés à partir d'une voiture en marche, figurent effectivement dans No Man's Land, mais il est impossible de reconnaître l'endroit ou d'identifier les victimes, selon un journaliste de l'AFP qui a visionné le long métrage.

On y voit, en revanche, une voiture tout terrain qui semble faire partie d'un convoi du HCR.

Outre l'Oscar du meilleur film étranger, No Man's Land, une satire à l'humour grinçant sur l'absurdité de la guerre, a également remporté en 2001 le Prix du scénario du 54e Festival international du film de Cannes.