Paris, «capitale du cinéma», accueille chaque jour une dizaine de tournages, parmi lesquels, souvent, des longs métrages français et étrangers. Cet été, Josiane Balasko fait partie des cinéastes que vous pourrez peut-être croiser dans la capitale avec son équipe pour Cliente, qui raconte l'histoire de Judith (Nathalie Baye), une femme d'une cinquantaine d'années divorcée qui s'offre régulièrement les services sexuels de jeunes gens.

L'équipe du film se trouvait récemment près de la place Vendôme pour tourner plusieurs scènes, notamment dans un pub irlandais et une bijouterie.

«Je suis Parisienne et j'adore Paris», explique Josiane Balasko à l'Associated Press entre deux prises. Pour la réalisatrice, le choix de tourner dans la capitale s'imposait, notamment parce que Judith dirige une émission de téléachat dans le film.

Josiane Balasko, qui adapte sur grand écran le livre au titre éponyme qu'elle a écrit il y a quelques années, confie que «la solitude des gens et la façon de la combattre sont toujours d'actualité». «Les femmes de 50 ans sont souvent seules», note-t-elle.

Dans cette comédie de moeurs, la réalisatrice joue aussi le rôle d'Irène, la soeur de Judith. Une double casquette qui ne semble pas lui poser de problème, même si elle remarque que les deux fonctions sont très différentes. «Réaliser, c'est un plaisir total. Ça dure un an. Être actrice, c'est des vacances».

Sur le tournage de Cliente, Josiane est omniprésente, absorbée par ses multiples tâches, et semble faire l'unanimité auprès de son équipe, à commencer par les acteurs, comme Éric Caravaca. Il incarne Marco, un homme séduisant d'une quarantaine d'années, qui fait l'escorte pour pouvoir payer les traites du salon de coiffure de sa femme, Fanny (Isabelle Carré).

«Josiane est très précise, on exécute une partition. Et elle connaît bien son équipe, on est tout de suite dans le travail», explique l'acteur, qui la connaît depuis déjà plusieurs années. «Je choisis mon réalisateur avant le rôle», poursuit-il, en précisant toutefois que le sujet l'intéressait aussi beaucoup. «Ça me paraît crédible. Les femmes prennent le pouvoir aujourd'hui».

Dans la scène tournée à l'intérieur du pub, aux côtés de nombreux figurants qui sont priés de faire beaucoup de bruit, Marco est accoudé au bar, seul, réfléchissant à sa situation délicate, entre sa femme et ses clientes. «Il est paumé, il est dans son monde, il faut qu'il y ait beaucoup d'ambiance autour», observe Michel Kharat, le chef opérateur son, qui connaît Josiane Balasko depuis l'époque du Splendid, dans les années 70. «Elle sait très bien ce qu'elle veut et elle a un regard tendre pour les comédiens», note-t-il, en confiant aussi son plaisir de tourner avec elle. «Il n'y a pas de notion de pouvoir, comme parfois chez les hommes».

Pour la lumière, le travail dans un pub est très différent des extérieurs. «Il faut des points de lumière par endroits pour faire ressortir les décors et éclairer les acteurs», explique Alain Cousseau, chef-électricien.

Au bout de huit prises, l'équipe quitte le pub pour rejoindre une bijouterie toute proche, où une autre scène va être tournée. Alors que Didier Abot, le régisseur général, s'occupe de régler des problèmes de stationnement sur la place Vendôme, Elise Bernasconi, assistante-régie, walkie-talkie à la main, s'apprête à participer au blocage de la circulation pendant quelques instants.

À Paris, les tournages sont assez compliqués sur le plan logistique, notamment en raison des autorisations qu'il faut obtenir, ce qui est plus ou moins facile selon les quartiers. Et puis il faut trouver de la place pour les caravanes, où se trouvent les loges des acteurs, les costumes, les maquilleurs, les coiffeurs...

Avant la pause déjeuner, l'équipe de Cliente termine les préparatifs d'une scène tournée dans la bijouterie, notamment le directeur de la photo, Robert Alazraki, qui lui aussi, a déjà travaillé avec Josiane Balasko, sur Le père Noël est une ordure. «Chaque séquence est différente. C'est une écriture, avec tel contraste, telle pellicule...», explique-t-il. Marco et une de ses clientes choisissent un bijou, face à une vendeuse, alors que les techniciens s'apprêtent à effectuer un travelling arrière.

L'événement est inhabituel pour la bijouterie qui a fermé ses portes au public pour l'occasion. «On ne gagne rien financièrement. On fait ça pour le fun, la notoriété», assure Fabienne Achard, la responsable de la boutique.

Le tournage, qui a commencé le 16 juillet, se poursuit jusqu'au 27 septembre, à Paris et en banlieue. Viendront ensuite d'autres étapes, comme le montage, avant la sortie du film prévue pour l'an prochain.