La capture et Contre toute espérance ont fait leur baptême public lors des projections du Festival international de cinéma de Locarno. Nichée aux pieds des Alpes, en Suisse, Locarno accueille jusqu'à samedi des cinéastes du monde entier, dont quatre québécois: Bernard Émond, Carole Laure, Denis Côté et Sébastien Pilote.

Une première projection publique, c'est toujours impressionnant. Surtout quand la salle contient plus de 3000 spectateurs et que le film est en compétition pour un Léopard d'or. «Lors de la première samedi, j'ai tellement eu le trac que je suis parti marcher et ne suis revenu que 10 minutes avant la fin», dit Bernard Émond, joint à Locarno.

La neuvaine, le précédent film de Bernard Émond, avait reçu les faveurs du public, et du jury (Patrick Drolet avait reçu le Léopard d'or). «Il y a eu une réaction aussi chaleureuse pour Contre toute espérance que pour La neuvaine. Les gens ont été émus et bouleversés par le film», raconte-t-il.

Locarno n'est certes pas un festival de cinéma aussi important que le Festival de Cannes. Mais, souligne Carole Laure, dont c'est la première venue à Locarno, le festival suisse est très fréquenté par le public. «Dans les salles, ce ne sont pas les critiques du monde entier, mais des gens du public», note-t-elle.

Présenté dans la section Ici et ailleurs, La capture, le troisième film de Carole Laure, traite «d'un sujet fort, sur la violence», précise la réalisatrice. «Après la projection, les questions du public ont fusées de toutes parts. Les gens sont très positifs, cela me donne le pouls du public», estime-t-elle.

Critiques mitigées

De son côté, le drame social de Bernard Émond a suscité une émotion palpable parmi les festivaliers. Ce qui n'est pas sans surprendre le réalisateur: «Je fais vraiment des films très québécois dans la langue et dans les thèmes. Alors, que ces films-là soient compris et aimés, que cela touche les gens ici...», dit le réalisateur.

Les critiques n'ont en revanche pas toutes été sensibles au deuxième volet de la trilogie du réalisateur québécois. Dans son numéro du 6 août, le journaliste du quotidien suisse francophone Le Temps Thierry Jobin notait, dans les points négatifs du film, «une plongée en enfer jusqu'au-boutiste qui ne laisse aucune fenêtre ouverte sur la tendresse ou l'humour». En ligne, l'hebdomadaire Variety qualifiait la réalisation de «soporifique».

Bernard Émond a été approché par différents festivals à l'issue de sa projection, le week-end dernier. Quant au palmarès, qui sera dévoilé samedi, Bernard Émond ne fait aucun pronostic. «J'aime autant ne pas y penser: il y a 19 films en compétition!» rappelle-t-il. «Pour moi, ce qui est important, c'est la sortie au Québec. Je travaille avant tout pour mes compatriotes.»

Au Québec, Contre toute espérance prendra l'affiche le 17 août, et La capture au mois d'octobre.