Maison de bois - Mathieu

«C'est celle qui est la meilleure chance de survie. La trop solide est difficile à remanier et à reconstruire. Mais même si elle craque de partout, celle de bois est en constante évolution. Il est donc possible de jouer avec, de la repatcher et la remodeler», dit Patrick Huard.

Mathieu (Claude Legault) vit dans cette fameuse «maison de bois» avec sa blonde Geneviève (Isabel Richer) et leurs deux petites filles. Un couple de banlieue comme il en existe des milliers, dépassés par les tracas financiers, leurs horaires de travail chargés et la platitude du quotidien. Mathieu se laisse tenter par une aventure avec une collègue sexy (Mahée Paiement). Un courailleux novice, qui se fait rapidement pincer par sa blonde catastrophée d'avoir été ainsi trahie.

«Ce sont deux être qui s'aiment, mais qui ont oublié de se le dire et se le montrer. Dans ces cas-là, l'adultère guette, exprime le comédien Claude Legault, qui émet ses propres réserves à l'endroit de la fidélité. J'ai longtemps cru que ça se pouvait, mais la vie m'a montré que ça n'existait pas. Je ne crois ni à celle des autres, ni à la mienne.»

Isabel Richer estime que son personnage de mère et épouse débordée est à l'image des femmes de sa génération. «Il y a bien des filles autour de moi qui ont tendance à mener plein de dossiers en même temps: leur job, leurs enfants, leur chum. Elles s'essoufflent.»

Sans justifier l'infidélité de Mathieu, Isabel Richer juge que Geneviève a aussi sa part de responsabilité dans le cours des événements. «Ce n'est pas l'histoire anecdotique de trois écoeurants qui couchent ailleurs. L'adultère est démontré comme le symptôme, pas la cause des problèmes.»

Les couples qui iront voir Les 3 p'tits cochons sortiront-ils du cinéma avec le goût d'amorcer une discussion franche (et peut-être kamikaze) sur cet épineux sujet? «Le film va peut-être les déniaiser et ouvrir des discussions nécessaires, dit Claude Legault. Les gens se plaignent souvent de ne pas parler et s'ouvrir suffisamment. Mais sont-ils vraiment prêts à entendre ce que l'autre a à dire?»

Maison de paille - Christian

Éternel ado, Christian (Guillaume Lemay-Thivierge) est un mordu de pornographie et de cybersexe qui croupit dans une relation cul-de-sac avec Hélène (Julie Perreault), une policière au tempérament bouillant. «C'est un gars un peu éteint. Je ne dirais pas qu'il est con. Mais il est ben candide et naïf», dit Guillaume Lemay-Thivierge, décidément la coqueluche de l'été du cinéma québécois.

Le plus jeune des cochons est un beau prof d'arts martiaux qui, n'ayant pas le courage de tromper sa blonde, se tourne vers le cybersexe qu'il considère comme la plus géniale invention depuis le pain tranché. Un hobby qui l'amène à vivre une liaison à distance avec la sulfureuse épouse d'un ramoneur de Gatineau. «Tu sens qu'il est excité comme un p'tit cul. Il croit trouver avec internet la solution miracle à ses problèmes.»

Julie Perreault, qui joue la blonde trompée virtuellement, a eu à montrer ses crocs dans des certaines scènes qui redéfinissent l'expression "brutalité policière". «C'est un couple qui aurait du se laisser depuis longtemps. On dirait qu'ensemble, le moins bon de chacun ressort. Ils vivent une espèce de froideur, de cruauté, de violence même. Ce n'est pas une relation dans laquelle ils grandissent ensemble.»

Maison de brique - Rémi

Paul Doucet - qu'on a vu au théâtre dernièrement dans Antilope au Prospero et au cinéma, dans Maurice Richard - campe le rôle de Rémi, l'aîné des cochons. Homme d'affaires très préoccupé par les apparences, il habite dans un palace de l'île des Soeurs, avec sa femme Dominique (Sophie Prégent) et leur fille.

Rémi est celui qui fait la morale à ses deux fanfarons de frérots, lesquels ne s'encombrent pas de gants blancs pour causer cul dans la chambre d'hôpital de leur maman inconsciente. Sauf que contrairement à la version originale, on finit par apprendre que la brique camoufle au moins autant qu'elle protège.

«On a l'impression que ce personnage contrôle tout. Sauf qu'au fond, il se fait contrôler par les situations», dit Paul Doucet. Les mensonges et trahisons prolifèrent dans un terreau favorable, bien protégé par la façade du complet cravate et des signes de réussite monétaire et familiale.

«Pierre Gendron (le coproducteur du film) a dit que c'est une comédie noire où les gens vont rire jaune», dit l'acteur qui a «trouvé ses frères» en jouant avec Claude Legault et Guillaume Lemay-Thivierge. «Ensemble, on se transforme en boute-en-train. On se bave en masse et on a eu beaucoup de plaisir à jouer ces relations d'hommes où tout se passe dans les silences, les non-dits.»