C'était il y a une trentaine d'années. Un jeune Hong-Kongais s'est retrouvé pris en sandwich dans une interminable file d'attente pour monter dans la tour Eiffel. Avant d'être coincé comme une sardine dans l'ascenseur menant dans les hauteurs du célèbre monument français. Fallait vouloir.

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L'an dernier, l'homme a pris sa revanche - et son pied - avec la structure d'acier qui domine Paris. Il s'est jeté en bas. Fallait vouloir. Et il est encore là pour le raconter. Fallait pouvoir.

Pour cela, il fallait s'appeler Jackie Chan. «Nous avons eu cette idée en nous promenant au bas de la tour», racontait le réalisateur Brett Ratner lors d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles en vue de la sortie de Rush Hour 3. Jackie et lui ont vu des filets tendus entre les poutres de métal. Ils se sont renseignés sur leur fonction. «On nous a expliqué que les gens échappent parfois des objets. Les filets empêchent qu'ils arrivent au sol et blessent ou tuent quelqu'un», poursuit le réalisateur.

C'est à ce moment que ça a fait clic dans la tête de Jackie Chan. Si l'un de ces «objets», c'était lui? «Je sais, c'est complètement fou à faire... et d'être payé pour le faire!» s'exclame l'acteur de 53 ans. La cascade ultime, quoi! Celle dont, dit-il, il parlera un jour à ses petits-enfants, quand ils regarderont le dernier acte du film qui marque le retour à l'écran du tandem dépareillé qu'il forme avec Chris Tucker.

Dépareillés, ils l'étaient en 1998 quand ils ont créé les personnages de Lee et Carter. Ils l'étaient encore en 2001 quand ils ont incarné de nouveau l'inspecteur chinois et le détective américain. Ils le sont toujours pour ce troisième opus - qui pourrait ne pas être le dernier. Après tout, le premier a rapporté 240 millions au box-office et le deuxième, 350.

Dans Rush Hour 1, Lee se retrouvait comme un poisson hors de l'eau aux États-Unis. Dans Rush Hour 2, au tour de Carter d'être perdu en se retrouvant à Hong-Kong. Cette fois, les deux compères tâtent du dépaysement: sur les traces de la Triade, le puissant syndicat du crime chinois qui vient de tenter de tuer leur vieil ami l'ambassadeur Han, ils atterrissent dans la Ville lumière. Ils ne connaissent pas la langue, la culture, les moeurs. Ils vont y goûter - et il n'est pas là question de cuisine.

«J'ai voulu montrer Paris dans tous ses états, du sommet de la tour Eiffel au fond de ses égouts», fait Brett Ratner. Qui présente aussi une gamme de Parisiens plus... typés (?) les uns que les autres. Du chauffeur de taxi antiaméricain incarné par Yvan Attal - qui retournera sa chemise à la première occasion - au commissaire de police qui fait du zèle (Roman Polanski) en passant par la dame au caniche, le maître d'hôtel pointilleux et la sublime danseuse de cabaret (Noémie Lenoir).

Le tout, pour mener à la tour Eiffel. Qu'ils aient travaillé devant ou derrière la caméra, les artisans de Rush Hour 3 n'en reviennent pas encore d'avoir pu «louer» le monument pour sept jours. Sept nuits, plutôt.

«Je ne comprends toujours pas pourquoi les Français ont accepté. Peut-être qu'ils n'ont pas compris ce qu'on leur demandait», s'amuse le scénariste Jeff Nathanson. «Je me revois, un soir, à demander qu'on éteigne la tour parce qu'il y avait trop de lumière pour l'ambiance dont j'avais besoin. Et puis, je me suis aperçu que sans elle, c'était trop sombre. Alors je l'ai fait rallumer!» raconte Brett Ratner, visiblement épaté de son «pouvoir». Quant à Chris Tucker, il revit le... romantisme des lieux: «Et j'étais là avec Jackie! C'est simple, je suis presque tombé amoureux de lui.»

Même pris séparément - les deux ont en effet rencontré les journalistes l'un après l'autre (heureusement: il aurait été difficile d'obtenir quelque chose de cohérent s'ils avaient été ensemble) -, la complicité unissant ces deux hommes est évidente.

«Dans le premier film, nous sommes devenus partenaires. Dans le deuxième, amis. Dans le troisième, nous sommes frères», résume Jackie Chan. Voilà pour l'écran. Mais la chose est vraie dans la vie (professionnelle): «Chris m'aide avec le texte», rigole l'acteur-cascadeur qui éprouve toujours des difficultés à manier la langue de Shakespeare. «Jackie chorégraphie mes scènes d'action», fait Chris Tucker. Ce, en faisant croire au coordonnateur des cascades et au réalisateur qu'ils les écoutent.

Pourtant, les deux hommes ne semblent même pas vivre sur la même planète.

Jackie Chan aligne les projets sans faire de pause: «Je voudrais prendre ma retraite mais on me propose trop de projets intéressants!» Chris Tucker, lui, a pour ainsi dire disparu de la carte depuis Rush Hour 2. Très engagé dans des oeuvres humanitaires, il parcourt la planète pour faire changer les choses. Essayer, en tout cas. «Un rêve peut devenir réalité. Une goutte d'eau peut créer un océan», dit-il en évoquant ses missions en Afrique afin de tenter de trouver comment l'argent envoyé par les États-Unis pourrait vraiment aider les populations aux prises avec le sida et la famine.

«Enfin, espérons que si nous faisons Rush Hour 4, nous ne devrons pas attendre 10 ans pour amorcer le tournage, rigole Brett Ratner. Sinon, on appellera ça Grumpy Old Rush Hour!» Et Jackie Chan de se jeter au bas de sa marchette?

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Rush Hour 3 prend l'affiche le 10 août, en anglais et en français (Heure limite 3) Les frais de voyage ont été payés par Alliance Atlantis Vivafilm.