Arnold Schwarzenegger, passé du cinéma à la politique, fête aujourd'hui ses 60 ans au sommet de sa popularité et de son influence, alors que ses anciens collègues de Hollywood tournent d'énièmes suites aux rôles qui les ont rendus célèbres il y a un quart de siècle.

Porté en 2003 à la tête de la Californie, l'État américain le plus riche et le plus peuplé, le héros de films d'action à grand spectacle s'est contre toute attente métamorphosé en dirigeant salué pour son habileté et son audace. Il a été réélu avec 55,8 % des voix en novembre 2006.

Le porte-parole de M. Schwarzenegger, Aaron McLear, a refusé de dire comment le gouverneur allait célébrer son passage chez les sexagénaires, quelques mois après d'autres éminents baby-boomers comme George W. Bush et Bill Clinton.

Mais l'ancien culturiste né en Autriche, à qui il reste trois ans et demi avant la fin de son deuxième et dernier mandat, peut à cette étape symbolique de sa vie se féliciter de sa décision de s'engager en politique il y a quatre ans, alors que sa carrière au cinéma sombrait avec sa forme physique, affirme un expert de Hollywood.

Dans ses derniers films, il était devenu ridicule, à jouer un type en train de prendre de l'âge qui continue à tirer partout et à sauver le monde des méchants. «Ça ne marchait plus, sa carrière était terminée», juge Lew Harris, du site Internet Movies.com.

«Il a toujours été très intelligent dans son choix de carrière, selon cet expert : cela a été une très bonne décision de changer de direction comme il l'a fait, en passant à la politique.»

De fait, pendant que le gouvernator navigue à plus de 50 % d'opinions favorables, son aîné d'un an et rival à l'écran dans les années 1980, Sylvester Stallone, a tourné sans crainte du ridicule un sixième Rocky et un quatrième Rambo. Harrison Ford, 65 ans, sera en 2008 à l'affiche d'Indiana Jones 4.

Hollywood prépare un Terminator 4, mais ce sera sans M. Schwarzenegger, par ailleurs récemment trahi par le corps qu'il a sculpté pendant des années : en janvier, il a prêté serment soutenu par des béquilles après un accident de ski et a aussi été hospitalisé pour une arythmie cardiaque fin 2005.

Brisant son image de brute aux muscles huilés et à la mâchoire carrée, M. Schwarzenegger a acquis une nouvelle stature mondiale grâce à son combat contre le réchauffement climatique, faisant prendre des mesures concrètes à son État pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

C'est en priorité pour évoquer ce sujet que des dirigeants du monde entier veulent rencontrer le gouverneur d'un territoire de la taille de l'Italie et qui, indépendant, serait la sixième économie mondiale: après le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon en juillet, le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier est attendu en août en Californie.

La politique de l'environnement est loin d'être la seule singularité de l'élu dans le camp républicain auquel il appartient; il a lancé le chantier d'une couverture médicale universelle et d'un financement de la recherche sur les cellules-souches, à rebours de l'administration Bush.

Héraut d'une approche non partisane de la gestion des affaires publiques, travaillant main dans la main avec les élus démocrates majoritaires au Parlement de son État, il affirme que «centrisme ne signifie pas faiblesse (...) Cela veut dire bien équilibré et réaliste».

M. Schwarzenegger a confié récemment au réseau CBS qu'il aimerait devenir président - «On vise toujours plus haut» - , mais il n'y a que le film Les Simpson pour le voir occuper la Maison-Blanche. La Constitution américaine dispose qu'un président doit être né aux États-Unis.