Les actrices tiennent le haut du pavé cette année au Festival des films du monde (FFM). Plusieurs des films inscrits dans la compétition mondiale proposent en effet de beaux portraits de femmes.

De Teresa jusqu'à Surviving My Mother, en passant par Toi et Les jardins de Samira, plusieurs films s'attardent aux quêtes existentielles de personnages féminins.

Le cinéaste Jacob Berger révélait en outre hier que son nouveau film 1 journée était né de l'idée de transposer dans la modernité le destin d'une femme dont on aurait pu dire qu'elle fut atteinte d'hystérie au début du siècle dernier. Le scénario, coécrit avec l'actrice Noémie Kocher, s'est beaucoup transformé au fil du travail d'écriture. La dérive de l'un des personnages féminins reste toutefois ici l'élément déclencheur qui permet au récit d'explorer l'espèce de désarroi collectif auquel nous faisons face.

Berger, qui nous avait offert le très beau Aime ton père il y a cinq ans, se lance cette fois dans un pari artistique audacieux, presque une gageure cinématographique. 1 journée raconte en effet des événements qui feront basculer les destins de trois personnages, selon leurs trois points de vue différents. Le mari (Bruno Todeschini), qui multiplie les aventures, est un journaliste à la radio qui, très tôt le matin, heurte quelqu'un sur la route. Son épouse (Natacha Régnier), éteinte de l'intérieur, encaisse le choc quand elle apprend les infidélités de son mari; et le petit Vlad (Louis Dussol), âgé de 8 ans, tombe fou amoureux d'une petite copine de classe, la fille de l'une des maîtresses de son père...

Plutôt que de raconter les parcours de ces trois personnages de façon linéaire, Berger a choisi de les entrecroiser, histoire, disait-il hier en entrevue, d'aller jusqu'au fond de la question du point de vue au cinéma.

«C'est aussi une façon de dire quelque chose sur nous, sur la société dans laquelle on vit, sur la profonde solitude qui afflige les gens alors que les moyens de communication n'ont jamais été aussi envahissants», dit-il.

Porté par d'excellents comédiens, 1 journée est peut-être un peu trop emporté par son style. Le récit, pourtant bien ancré dans la quotidienneté des choses, emprunte parfois un caractère artificiel. Cela dit, la quête des personnages fait écho à des préoccupations très réelles, et le film traduit bien le désarroi intérieur des protagonistes, notamment de l'enfant.

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1 journée de Jacob Berger Aujourd'hui à 14 h au Cinéma Impérial.

Vive les différences!

Si le jury a jusqu'ici eu l'occasion de voir plusieurs performances d'actrices intéressantes, force est de constater qu'on commençait un peu à se creuser les méninges pour trouver des candidats potentiels au prix d'interprétation chez les hommes. Jusqu'à hier. Tomas Almeida, qui interprète un ado trisomique dans L'autre marge (un très joli film portugais), a en effet toutes les chances de séduire le jury.

Très classique dans sa forme, même très ordinaire sur le plan de la réalisation, ce long métrage n'en recèle pas moins de très beaux personnages. Il y a d'abord Ricardo (Filipe Duarte). Que le suicide inattendu de son amoureux plonge dans une profonde dépression. Il y a sa soeur Maria, une femme de coeur qui, restée dans le village natal, élève seule Vasco, un ado atteint du syndrome de Down. Quand Maria, qu'il n'a pas vue depuis une quinzaine d'années, l'invite à revenir au village, Ricardo en profite pour se reconstruire auprès des siens. Forcément, de vieilles plaies non cicatrisées refont surface, notamment liées au père (pour qui l'orientation sexuelle du fils est intolérable), de même qu'à la fiancée que Ricardo avait abandonnée la veille de leur mariage. Les liens qui se noueront instantanément entre les deux «marginaux» de la famille pousseront toutefois ces derniers à aller de l'avant.

L'auteur cinéaste Luis Filipe Rocha propose ici un très joli conte, visiblement inspiré par les personnalités attachantes de ses protagonistes, particulièrement Vasco. Le jeune Almeida possède en effet un charme fou, et dépouille son jeu de tout cabotinage. L'autre marge distille ainsi un magnifique message d'acceptation.


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A Outra Margem (L'autre marge) de Luis Filipe Rocha Aujourd'hui à 16 h 30 au Cinéma Impérial.