Dans le cadre du FFM, le réalisateur français Pascal Tessaud présente son premier documentaire, Slam, ce qui nous brûle. Depuis quelques années, le slam (ou spoken word) squatte le devant de la scène, d'abord comme une curiosité, puis comme un véritable phénomène, sinon de mode, mais de société. Pascal Tessaud s'est penché sur l'essence d'un mouvement qui remet la poésie au goût du jour.

C'est en 2005 que Pascal Tessaud est «transpercé» par le slam. À Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris, il découvre l'un des berceaux et viviers du slam français: le Café culturel. Grand Corps Malade, Souleymane Diamenka et des dizaines «d'inconnus» y officient. «Les slammeurs aiment être en lien avec les amateurs», note-t-il.

Plutôt que de suivre le parcours des slammeurs les plus connus aujourd'hui, Pascal Tessaud montre le parcours de Luciole, Nada, Julien Delmaire, etc. Qu'ils viennent de la ville ou des campagnes (Paris, banlieue, Roubaix, Rennes ou Lille), homme ou femme, jeune ou vieux, ils ont en commun l'amour des mots.

«Je voulais montrer la pratique d'un art, et pas le star system. Mon film est un film sur un art collectif, qui veut casser le côté hiérarchique de la culture en France. Le slam est une culture horizontale et pas verticale: tout le monde a le même temps de parole, ça désacralise le rapport à la culture. C'est vraiment un art démocratique», estime le réalisateur.

Né aux États-Unis, le slam a connu en France deux écoles. L'une de ses écoles prône pour la compétition des slammeurs entre eux. L'autre n'attribue pas de notes et fonctionne selon le principe de la scène ouverte. «La scène ouverte, c'est la réappropriation de l'idée de slam français, basée sur le partage et l'écoute», croit Pascal Tessaud.

Entre le tournage du film, l'an dernier, et sa diffusion sur France 5 (France Télévisions) en juin, le slam a gagné en couverture médiatique, et en succès populaire. «C'est une passerelle sociale très forte. Aujourd'hui en France, les gens sont de plus en plus séparés. Le slam arrive à un moment de crise très forte, et c'est quelque chose d'assez nouveau: c'est un art de l'instinct qui passe par le corps, et renoue avec les traditions d'oralité d'Afrique.»

Avec ce documentaire plus impressionniste qu'explicatif, Pascal Tessaud espère inciter les hommes et femmes de mots à renouer avec l'écriture, et la poésie, que l'on perçoit souvent «comme un art mort». «C'est ça, l'objectif: désacraliser le rapport à l'écriture et à la langue française. Permettre aussi à ceux qui viennent de banlieue d'assumer leur culture ou leur érudition», dit-il.

Slam, ce qui nous brûle de Pascal Tessaud. Demain, 15h30, et lundi, 12h30, au Quartier Latin.