Les films qui traitent de la guerre, et particulièrement de la guerre en Irak, sont nombreux au Festival international du film de Toronto, cette année.

Le cinéaste britannique Nick Broomfield y présente The Battle for Haditha, dont tous les rôles de marines sont tenus par des militaires dans la vraie vie, dont le Canadien Eric Mehalacopoulos, qui avait 18 ans quand il est entré dans les marines après avoir quitté Montréal pour les États-Unis. Il a servi en Irak.

L'animateur américain de débats télévisés Phil Donahue fait ses débuts à la réalisation cinématographique avec Body of War, portrait de Tomas Young, un jeune homme de 25 ans paralysé d'une balle à la colonne vertébrale après avoir servi moins d'une semaine en Irak. Il s'était engagé après les attentats du 11 septembre 2001 en croyant qu'on l'enverrait en Afghanistan, mais il a abouti en Irak.

Du Canadien Paul Haggis, on verra In the Valley of Elah.

Mais à l'exception de Redacted, de l'Américain Brian DePalma, inspiré du viol d'une jeune Irakienne par un groupe de marines, les films ne dépeignent pas les militaires comme des monstres. Les véritables monstres, semblent vouloir dire les cinéastes, sont ceux qui, de Washington, ont envoyé les troupes en Irak et dirigent les opérations.

Même dans Rendition, de Gavin Hood, qui ne traite pas de la guerre en Irak mais plutôt des atteintes aux libertés dans la foulée des attentats du 11 septembre, c'est Meryl Streep, incarnant une directrice de la CIA, qui semble plus psychopathe que les hommes qui torturent, espère-t-elle, des suspects de terrorisme en Égypte. Reese Witherspoon et Jake Gyllenhaal y jouent.

Certains des marines du film de Paul Haggis font effectivement penser à des psychopathes, mais le cinéaste montre bien que c'est leur séjour en Irak qui les a transformés en tueurs.

Quant au film de Nick Broomfield, il réussit de magistrale façon non seulement à dépeindre la guerre d'une perspective irakienne, mais à humaniser les marines, même quand ceux-ci exécutent 24 Irakiens innocents et non armés en représailles pour la bombe artisanale qui a tué un des leurs. En fait, ils ne font que suivre les procédures prévues par le corps des marines, qui sont de faire sortir tout le monde de toute maison jugée «hostile».

Le réalisateur ne cache pas qu'il espère que son film, et d'autres semblables, persuaderont le gouvernement américain de retirer ses troupes d'Irak.