Des stars du septième art et un grand studio hollywoodien se mettent au service du Darfour dans un documentaire destiné à ressusciter «l'espoir» d'une solution au conflit qui fait rage depuis quatre ans dans cette région de l'ouest du Soudan.

Darfur Now, réalisé par l'Américain Ted Braun et produit par Warner Brothers, a été présenté en avant-première au Festival international des films de Toronto.

Ce documentaire citoyen ne se focalise pas sur les violences quasi-quotidiennes de cette province meurtrie, mais il suit les efforts de six personnes tentant à leur manière de trouver une solution au conflit qui a fait 200 000 morts et 2 millions de déplacés, selon l'ONU.

«Le but n'était pas d'aller sur la ligne de front, mais de montrer l'espoir», explique à l'AFP, le cinéaste qui a passé quatre mois cette année au Soudan pour le tournage de certaines scènes.

L'équipe de Braun a notamment suivi l'acteur américain Don Cheadle, vedette de Hotel Rwanda, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, un militant américain et une Darfourie ayant choisi de rejoindre la rébellion après la mort de son fils.

Ce chassé-croisé entre le Darfour, la Californie, La Haye, Pékin, le siège de l'ONU à New York, vise à faire comprendre la «complexité» du conflit et d'une solution, mais aussi à inciter l'opinion publique internationale à s'engager pour le Darfour, souligne Ted Braun. Le cas le plus patent est sans doute celui du jeune militant californien qui veut sensibiliser ses compatriotes à la tragédie du Darfour.

Après avoir rencontré nombre de sénateurs américains, il est convié à la signature avec George Clooney, Don Cheadle et le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger d'une loi interdisant aux fonds de pension de Californie d'investir dans des sociétés ayant des intérêts au Soudan.

Darfur Now met aussi en lumière la lutte du procureur de la CPI pour traduire en justice le secrétaire d'État soudanais aux Affaires humanitaires Ahmed Haroun, et Ali Kosheib, un chef de la milice janjawid qui fait régner la terreur au Darfour. Le Soudan refuse de livrer M. Haroun à la Cour pénale internationale.

«Le documentaire vous fait comprendre le cas de M. Haroun. C'est lui qui a conçu et mis en oeuvre l'idée d'utiliser les milices janjawid pour attaquer les civils au Darfour et maintenant c'est lui qui est chargé de protéger les gens restés au Darfour», explique à l'AFP, Luis Moreno-Ocampo.

Ce dernier a été invité au Festival des films de Toronto pour une table ronde sur le Darfour et la projection de Darfur Now. «La solution passe par l'arrestation de Haroun (...) Après tout, il s'agit d'un combat entre Haroun et le reste du monde. Si le monde entier s'unit, le monde entier gagnera», pense-t-il.

Le réalisateur de Darfur Now, documentaire didactique dont l'esthétique et la composition du récit semblent avant tout destinées à émouvoir le public, se défend d'avoir pris pour cible les autorités soudanaises à qui il donne la parole.

«Diaboliser le Soudan et diaboliser sa population est une terrible erreur», assure Ted Braun, qui remercie les autorités soudanaises de lui avoir permis de filmer au Darfour, même avec certaines contraintes.

La reprise des pourparlers de paix entre le gouvernement soudanais et les factions rebelles du Darfour a été annoncée cette semaine. «C'est la première véritable chance d'arriver à un traité de paix incluant Khartoum et l'ensemble des parties impliquées», s'est félicité l'acteur George Clooney à Toronto.