Des oeuvres françaises présentées au Festival des films de Toronto, rendez-vous le plus important des cinéastes de l'Hexagone après Cannes, prendront sous peu la route des salles américaines où un succès français au box-office ne se mesure pas à l'aune de Hollywood.

Les grandes productions américaines dominent chaque année le calendrier du Festival de Toronto, suivies par les productions françaises pour qui le rendez-vous canadien constitue une porte d'entrée importante pour le marché américain.

«À Toronto, tout se passe dans une atmosphère collégiale, sympathique, informelle, ça favorise la vente davantage», affirme John Kochman, directeur d'UniFrance aux États-Unis, qui y voit la principale différence entre le festival canadien, qui ne comporte pas de compétition officielle, et Cannes.

Au cours des dernières années, des films français comme Amélie Poulain ou La marche de l'empereur ont généré des millions aux États-Unis, pays où des films français marginaux ont aussi leur place, estime Claude Nouchi, qui a vendu à un distributeur américain les droits de Avant que j'oublie de Jacques Nolot, une oeuvre maîtrisée sur la vie d'un homosexuel abordant la soixantaine.

«Il y a toujours un cinéma résistant, de cinéastes qui ont leur propre identité et qui vont vers des distributeurs indépendants», pense M. Nouchi.

Les droits de plusieurs films français avaient déjà été acquis par des distributeurs américains avant l'ouverture du festival la semaine dernière dont Les chansons d'amour de Christophe Honoré, Une vieille maîtresse de Catherine Breillat et Persepolis, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud.

Des 349 films projetés à Toronto cette année, 33 étaient des réalisations ou des coproductions françaises, mais un nombre restreint était diffusé en «première mondiale», dont deux revenaient sur la guerre d'Algérie.

L'ennemi intime de Florent-Emilio Siri, sorte de Platoon français sur l'Algérie, s'intéresse à la transformation de soldats pendant la guerre. «Avec son idéalisme à la con, il n'aurait pas supporter l'homme qu'il était devenu», dit le personnage incarné par Albert Dupontel, un barroudeur aguerri au final sensible, de son collègue humaniste joué par Benoît Magimel.

Dans le documentaire Algérie, histoires à ne pas dire le cinéaste français d'origine algérienne Jean-Pierre Lledo s'interroge sur le départ des colons d'Algérie et fouille la mémoire d'Algériens attristés leur vie durant par cet exil.

Dans la vie de Philippe Faucon, aussi présenté en première à Toronto, se veut une fable urbaine sur le destin entrecroisé dans la France contemporaine d'une femme juive originaire d'Algérie et d'une infirmière arabe, qui vit avec sa mère.

Très attendu à Toronto, Le deuxième souffle d'Alain Corneau, un thriller mettant en vedette Michel Blanc, Monica Belluci et Daniel Auteuil dont l'action se déroule dans la France des années 1950, a laissé de glace le public, mais pourrait être distribué aux États-Unis, des négociations ayant été lancées.

«Il est trop tôt pour parler de vente. Nous sommes en contact avec les exportateurs qui, dans plusieurs cas, finalisent des ententes», a indiqué à l'AFP M. Kochman. Quant aux films Dans la vie et L'ennemi intime, ils ont suscités «beaucoup d'intérêt», selon UniFrance.