Quand on lui a proposé d'endosser l'uniforme du lieutenant-général Roméo Dallaire, Roy Dupuis n'a pas eu beaucoup de temps pour réfléchir. «On m'a donné une semaine pour y penser», rappelait l'acteur au cours d'une interview réalisée au Festival de Toronto.

Dupuis a alors demandé à rencontrer le général le plus rapidement possible. Visiblement, le courant est passé entre les deux hommes. La veille de son départ pour le Rwanda, l'acteur a d'ailleurs discuté pendant six heures avec celui qu'il devait incarner sur grand écran.

«Le général m'a alors révélé des choses auxquelles il n'avait pas souvent fait écho, précise celui qui s'est notamment distingué en prêtant ses traits à Maurice Richard. C'était une belle marque de confiance.»

Les deux hommes n'hésitent d'ailleurs pas à parler de «communion d'esprits» pour décrire les liens qui les ont unis dès leur première rencontre. D'autant plus que la nature de l'expérience qu'a vécue Roméo Dallaire au Rwanda est de celles qui, forcément, changent profondément une vie. Bien conscient de la responsabilité qui lui incombait, Roy Dupuis n'hésite d'ailleurs pas à évoquer le rôle le «plus difficile» de sa carrière. Il estime aussi important le rôle d'un film comme celui-là pour mettre de grands enjeux à l'avant-plan.

«Ce film est profondément actuel pour deux raisons, explique-t-il. D'abord, il y a le Darfour. Le monde ne peut se permettre de laisser aller les choses. Et puis, la tragédie du Rwanda est encore très présente dans la vie du général. J'admire énormément cet homme qui, après avoir été témoin de telles horreurs, est parvenu à tirer de ce drame des enseignements positifs. Qui le font agir de façon concrète. Le général est un exemple pour l'humanité entière.»

D'une façon plus large, l'acteur voit Shake Hands with the Devil comme une oeuvre révélatrice des politiques qui gouvernent notre monde.

«C'est un film sur l'Occident, dit-il. On y expose les mécanismes des grandes puissances qui prennent des décisions uniquement pour soutenir leurs propres intérêts. Le récit du général nous fait vivre la tragédie des Rwandais, mais il raconte aussi notre propre histoire à travers elle.»