«On ne pouvait tourner un film sur les nuits des Beatles car il aurait été classé X», a plaisanté le réalisateur américain Richard Lester, en présentant la version remasterisée du film Help!, au Festival du film de San Sebastian.

Volontiers farceur, Lester a expliqué en conférence de presse la genèse de Help!. Après Hard Day's Night, documentaire en noir et blanc sur une journée typique des Beatles, l'idée du film suivant n'était pas - pour la raison précédemment évoquée -, de tourner un documentaire cette fois sur les nuits de Beatles, mais d'en faire les héros d'une aventure.

L'acteur principal ne serait pas John Lennon ou Paul McCartney, mais Ringo parce qu'il avait l'air toujours plus vulnérable.

«Il restait toujours en arrière plan, à jouer de la batterie, sans parler à personne. Il était l'homme parfait par lequel attaquer l'intrigue», a expliqué Lester, s'exprimant à l'occasion dans un très correct espagnol.

Et c'est ainsi que les groupies de l'époque découvrirent Ringo poursuivi par une secte et deux scientifiques fous cherchant à récupérer un anneau de sacrifice porté par le batteur du groupe mythique de Liverpool, point de départ de enchaînement de scènes comiques et musicales.

Les Beatles composèrent dix chansons pour le film et le réalisateur eut à en choisir huit. «Les paroles ne m'importaient guère, le choix s'est fait en fonction du rythme», a expliqué Lester, parfois considéré comme le père des vidéoclips.

La version restaurée a conservé la durée initiale, sans rajout de scènes car les masters n'existent plus. «Dans les années 60, quand tu tournais un film, un an après sa remise au distributeur, les prises non utilisées étaient détruites, car leur entretien coûtait très cher», a souligné le réalisateur américain.

«Tout est resté comme il y a 42 ans. Il n'y a pas le moindre changement dans le film qui sortira en DVD en novembre prochain», a souligné le metteur en scène de Superman.

«La musique a également été remixée par les techniciens d'Abbey Road», le studio où les Beatles enregistraient leurs tubes planétaires.

Lester, qui a dirigé quelques monstres comme Audrey Hepburn, Sean Connery ou Buster Keaton, se considère comme retraité depuis le début des années 1990.

Son humour n'a pas pris une ride: «Pendant 40 ans, j'ai fait le même cauchemar que j'étais au chômage. Depuis 15 ans, c'est le cauchemar inverse, je rêve que je travaille».