La plus célèbre actrice norvégienne, Liv Ullmann, récompensée vendredi au Festival de San Sebastian avec un prix honorifique Donostia pour sa carrière, s'est souvenue avec émotion du cinéaste Ingmar Bergman, dont elle fut l'égérie et la compagne.

«Nous venons de perdre deux des plus grands réalisateurs, (Ingmar) Bergman et (Michelangelo) Antonioni - tous deux décédés cet été - et ces deux personnes ont fait bien plus pour le monde avec leur cinéma que la plupart des hommes politiques», a déclaré Liv Ullmann en conférence de presse.

«C'est grâce à eux que je me sens fière de faire du cinéma», a ajouté l'actrice et réalisatrice, visiblement émue et très applaudie par les journalistes venus l'interroger.

«Avec Ingmar, nous avons eu une magnifique relation pendant 40 ans, d'amitié, et il est le père de mon enfant», a ajouté Liv Ullmann, née en 1938 à Tokyo, et qui fut un temps compagne du cinéaste suédois.

«Mais je pense avoir aussi été très importante pour lui. Je pense que ses films auraient été sûrement bons, mais très différents sans moi», a souligné l'actrice, qui a joué dans dix films de Bergman, le réalisateur qui lui a offert ses plus beaux rôles comme dans Cris et chuchotements, en 1972.

«Dans ses films, Ingmar Bergman nous faisait vivre dans son monde pendant quelques minutes en or», a-t-elle ajouté.

«Maintenant, lorsque je joue avec un réalisateur qui me semble moins bon, je me demande toujours qu'aurait fait Ingmar dans ce cas?», a-t-elle ajouté.

L'actrice s'est dite ravie de recevoir un prix honorifique Donostia pour sa carrière, 19 ans après avoir reçu à San Sebastian le prix de la meilleure interprétation féminine pour son rôle dans La amiga de Jeanine Meerapfel.

L'acteur américain Richard Gere a aussi été récompensé cette année par un prix Donostia. Mais contrairement à lui, Liv Ullmann a pris le temps de participer activement au festival en se rendant à plusieurs projections.

L'actrice est aussi revenue sur sa carrière, où elle a accumulé des rôles dramatiques, affirmant sur le ton de la plaisanterie: «J'espére jouer un jour dans une comédie mais personne ne m'en propose».

Elle s'est par ailleurs refusée à distinguer le cinéma engagé du cinéma-divertissement, soulignant que l'engagement peut passer par l'humour et la joie.

Sur sa carrière de réalisatrice, Liv Ullmann, auteur de plusieurs films, s'est montrée un peu découragée. «Il faut travailler pendant deux ou trois ans, lutter avec les réalisateurs, c'est énormément de travail».