Dans le paysage cinématographique montréalais, l'histoire de Durs à cuire, le premier documentaire de Guillaume Sylvestre, est la surprise de la saison. Ce premier long métrage, dans lequel le spectateur est invité à suivre la vie des chefs Normand Laprise et Martin Picard, non content de faire l'ouverture du Festival, prend aussi l'affiche le 26 octobre.

«Je suis content que le film soit là», dit modestement Guillaume Sylvestre. Pour ce premier film, le jeune homme a pourtant eu une idée lumineuse: suivre Normand Laprise et Martin Picard pendant plusieurs mois (un an et demi), entrer à fond dans leur univers, le tout avec une équipe de tournage réduite au maximum.

«Son coup de génie, ça a été de se débarrasser d'une partie de son équipe. Il y avait une caméra, un preneur de son. Tant mieux, sinon on se serait tannés», dit Martin Picard. L'équipe allégée a su se fondre dans les cuisines du Toqué! et du Pied de cochon, deux institutions culinaires montréalaises, pour en dégager l'essentiel.

Il faut dire que Guillaume Sylvestre a toujours eu un penchant pour la gastronomie et la cuisine. «C'était soit le cinéma, soit la cuisine. Mes parents voyageaient toujours, et beaucoup. J'ai toujours été olfactif», résume le jeune homme, sous les piques de Martin Picard. «Arrête de nous bombarder avec tes yeux», lance le cuisinier, goguenard, à l'intention du réalisateur qui est aussi le fils de Denise Bombardier.

Dans Durs à cuire, on se promène des cuisines des restaurants de Montréal à Hong-Kong, La Pocatière, la campagne espagnole ou chez Lebec, à Lyon. Façon de montrer que la gastronomie montréalaise séduit non seulement chez elle, mais aussi à l'étranger. «Le fait de ne pas avoir de limites nous a permis de traverser les frontières», résume Martin Picard.

Le tout donne lieu à quelques scènes de ripaille gargantuesques, mais aussi à de fascinants retours à la fabrication même des produits, avec, par exemple, la mise à mort d'un cochon pour le jambon et les saucissons espagnols. Plus qu'une leçon de gastronomie, Durs à cuire est un plaidoyer pour une philosophie culinaire à l'image de ces chefs: jusqu'au-boutiste, extrême, et généreuse.