Carole Laure s'est mise en scène dans son premier long métrage (Les fils de Marie) et a fait danser sa fille dans son deuxième (CQ2). Désormais, diriger n'est plus essentiellement une affaire de sang, mais de famille de plateau. Avec La capture, son dernier né, la réalisatrice dit avoir mis la main sur la bande d'acteurs parfaite pour donner chair à une autre histoire dure, mais pleine d'espoir au bout du compte.

À la fois réaliste et lyrique, La capture nous convie chez une famille menée par un père violent et froid que sa fille aînée décidera un jour de convertir en homme bon. Parce qu'elle n'en peut plus de voir sa mère exsangue et son frère malmené. «Je pense qu'on peut se sortir des traumatismes familiaux, dit Carole Laure. Même si ce sont les pires à vivre pour un enfant.»

Oeuvre charnelle, animale et brutale, La capture est d'abord faite de pôles. «Il y a des scènes réalistes et imaginaires, note Laure. Il y a la femme soumise (la mère) et la femme sauvage (la fille). La beauté et la sexualité côtoient la souffrance et la violence.»

Pour tenir le phare, la réalisatrice a choisi Catherine de Léan. «Ça prenait une fille qui a les deux pieds sur terre, très physique, mais avec une intériorité. Qui soit animale, pas forcément beauté fatale.»

«Rose n'est pas une victime, estime Catherine de Léan. Elle est forte. Son désir de vivre est plus fort que sa souffrance.»

Carole Laure bénit le ciel de l'avoir mise sur le chemin de Laurent Lucas (le père) «qui a une part de mystère» et Pascale Bussières (la mère). «Chaque regard, chaque geste, tout me parlait. Pascale habite parfaitement son rôle peu bavard. Elle a un jeu intelligent. Je n'ai pas eu besoin de beaucoup la diriger.»

La capture confirme le souhait de Carole Laure de réaliser plutôt que de jouer à l'avenir. Le désir est assez brûlant pour rendre l'artiste impatiente face aux Téléfilm Canada de ce monde. «Mes deux premiers films ont été présentés à Cannes, celui-ci à Locarno, remarque-t-elle. Ça m'encourage. Je n'ai pas eu de films qui ont marché. Au moins, ils vont vers l'international. Cela dit, cette fois, j'espère atteindre davantage le public. La sortie est plus importante.»

Comme ses précédents longs métrages, La capture a été produit avec moins de 3 millions. «Je me débrouille bien quand même! lance Carole Laure. Je pense que je vais en progressant. J'ai ma place comme cinéaste d'auteur. J'ai ma patte.»

Une patte tout en mouvement qui se traduit parfois sur pellicule par des scènes chorégraphiées, présentées comme des numéros de danse. «J'aime le cinéma d'Almodovar, confie Laure. Il est tout en mouvement. Je ne fais pas de la caméra statique. Le cinéma que j'aime, il bouge.»