La cinéaste franco-iranienne Marjane Satrapi a déclaré jeudi à Tokyo que la condamnation par le régime iranien de son film d'animation Persépolis, prix du jury à Cannes, n'avait fait que le rendre encore plus populaire auprès du public iranien.

Persépolis, qui retrace avec humour la révolution islamique de 1979 en Iran, transpose la bande dessinée autobiographique à succès de Marjane Satrapi, où celle-ci livre le portrait d'une petite fille issue de la bourgeoisie de Téhéran, confrontée à l'Iran des mollahs.

Bien que ce film soit interdit en Iran, des copies illicites sur DVD circulent parmi la population, certaines produites à partir d'enregistrement réalisé à l'étranger à l'aide d'un simple téléphone mobile, a raconté Mme Satrapi.

«Je ne pense pas qu'il sortira sur les écrans en Iran, a-t-elle poursuivi, mais c'est comme toutes les choses interdites en Iran, ça donne encore plus envie de les voir.»

Lors de la remise du prix du jury à Cannes en mai, un représentant de la présidence iranienne avait protesté contre l'islamophobie de Persépolis, qualifié de film anti-iranien.

Mme Satrapi pense au contraire que son film donne une vision plus nuancée de la réalité en Iran pour un public étranger qui a souvent une image négative de la république islamique.

«Les premiers qui souffrent de ce qui se passe en Iran, ce ne sont pas les Occidentaux, ce sont les Iraniens, a-t-elle ajouté. Donc si après avoir vu ce film, les gens peuvent avoir un peu plus de compassion pour les Iraniens, comprennent ce qui s'est passé, s'ils peuvent s'identifier à eux, alors je suis la première heureuse.»

Persépolis a été choisi pour représenter la France aux Oscars 2008.