Du haut de ses 13 ans, Maxime Desjardins-Tremblay - qui en a maintenant 14 - porte Le ring sur ses épaules. Il n'aurait pas la présence et le talent qu'il a, le film d'Anaïs Barbeau-Lavalette n'aurait pas l'impact qu'il a et va avoir. Mais Maxime a de la présence. Du talent. Des yeux qui parlent. Des émotions qu'il porte à fleur de peau ou sait faire monter à la surface de son visage. On plonge avec lui. Et tout à coup, flash sourire. L'innocence. L'enfance pas si lointaine.

Comme le personnage de Jessy, qu'il interprète dans le long métrage, Maxime grandit dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Ses parents sont séparés. Il a une demi-soeur, qu'il voit peu. Il vit avec son père, qu'il admire visiblement. «Il travaille dans des terrains de stationnement, il retrace les lignes, entretient les cabanes. Mais il est aussi entraîneur de boxe olympique au centre Claude-Robillard», raconte-t-il.

Boxeur de père en fils

Or, Maxime adore la boxe autant que Jessy aime la lutte. «J'aime aussi aller voir la lutte mais je pratique la boxe.» Parce que son père l'a autrefois pratiquée. Le garçon a souhaité s'y mettre. À ainsi poussé le père à remettre les gants pour l'entraîner. Entraîner d'autres jeunes aussi. Et des moins jeunes. Quant à la lutte, comme Jessy dans Le ring, il assiste régulièrement aux matches mettant aux prises les stars du quartier, dans le sous-sol d'une église.

C'est d'ailleurs là qu'Anaïs Barbeau-Lavalette l'a, une première fois, remarqué. Il était tellement dedans, dans le geste, la voix, le feu dans les yeux. Elle l'a filmé dans son documentaire Si j'avais un chapeau. Elle l'a revu dans Vues de l'Est de Carole Laganière. La rencontre, une autre, était souhaitable. Elle a eu lieu. La jeune réalisatrice a trouvé son acteur. Et le garçon a posé le pied sur l'un des premiers échelons menant à l'inaccessible étoile. Le rêve.

«Être comédien, c'est mon rêve depuis toujours. Pourquoi? Ben... parce que j'aime jouer.» Dans sa bouche à lui, le commentaire n'est pas anodin. Il aime jouer. Il aime l'animation du plateau. Il aime relever des défis. Se qualifier pour le rôle de Jessy, par exemple, c'était parvenir à se distinguer parmi les 150 jeunes qui ont passé les auditions. C'était, lui, en passer huit. Marquer des points chaque fois.

Et, finalement, devenir Jessy. Comme, par la suite, il est devenu Tracteur dans le prochain long métrage de Léa Pool, Ma mère est chez le coiffeur (sortie en 2008). Ce, sans négliger l'école. «Je reçois mes devoirs et je les fais. Toujours. Je n'ai pas de retard quand je retourne en classe.» Là, il retrouve les copains. «Ils sont contents pour moi.» Et son best, Kevin. Qui est parfois allé sur le plateau de tournage. «Il me disait: Faut que tu fasses ressentir ça pour de vrai! Il m'a beaucoup aidé parce qu'il me connaît bien. On est amis depuis cinq ans.»

Ils se sont rencontrés peu après une période particulièrement dure pour Maxime. «De sept à neuf ans, j'ai vécu ce que Jessy vit dans Le ring. Je pouvais me reconnaître dans ce qu'il traverse et les émotions venaient naturellement», raconte le garçon qui voit au-delà de l'importance que revêt l'expérience pour lui. «Ça m'a permis de voir comment d'autres personnes, comme Anaïs, voient le quartier et désirent aider. Ça m'a donné un élan... mais pas juste pour le film. Moi aussi, je veux aider.»

Il dit cela avec sincérité. À ses yeux, si la vie a beaucoup en commun avec le match de lutte, les issues sont ouvertes et les dés, pas obligatoirement pipés.