Après dix ans d'absence du grand écran, le réalisateur américain Francis Ford Coppola a présenté samedi en avant-première mondiale au festival de Rome son film Youth Without Youth, un conte philosophique sur le mythe de l'éternelle jeunesse.

Bucarest, 1938 : un professeur de linguistique de 70 ans, Dominic Matei, (interprété par Tim Roth), s'apprête à se suicider lorsqu'il est foudroyé par un éclair. Non seulement il va survivre mais en guérissant va découvrir que son corps est devenu celui d'un trentenaire et que ses capacités mentales ont décuplé.

Son cas intéresse fortement les médecins nazis auxquels il ne réussit à échapper qu'en s'enfuyant en Suisse. Suivent de longues années pendant lesquelles, sous de fausses identités, il poursuit assidûment le travail de sa vie sur l'origine des langues.

Etrange, mystique, ésotérique, fantastique et parfois rocambolesque, le film (présenté hors concours) n'en est pas moins attachant et fascinant, appelant à une réflexion sur ce que l'homme fait de son temps.

«Ce film est une véritable fable. Je ne voulais pas faire un film qui soit inaccessible, vous devez le voir deux fois. À la deuxième vision, vous verrez plus de choses», a déclaré Francis Ford Coppola, longuement acclamé lors d'une conférence de presse, alors que la projection pour les journalistes n'avait récolté que de tièdes applaudissements.

«Il faut être conscient que lorsque vous faites quelque chose qui n'est pas habituel, lorsque vous vous aventurez sur un nouveau territoire, il faut du temps aux gens pour s'y habituer, pour mûrir la chose, la ruminer, pour qu'ils s'y intéressent», a-t-il souligné.

«Il est facile d'appréhender le temps dans un film, mais la conscience me fascinait. C'est ce qui m'excitait vraiment, j'avais ce désir d'en apprendre plus sur la conscience», a expliqué Francis Ford Coppola.

 Adapté d'une nouvelle de l'écrivain et philosophe roumain Mircea Eliade, Youth Without Youth (littéralement la jeunesse sans la jeunesse) a été tourné pendant dix-huit mois en Roumanie.

Retrouvant les grands écrans après une décennie d'absence - The Rainmaker était sorti en 1997 - Coppola a expliqué cette interruption par son envie d'écrire mais aussi de «trouver sa place dans le business du cinéma».

Tant de réalisateurs «veulent faire le même film encore et encore, toujours faire des remake avec des vieux films. Je pense que chaque remake est une perte d'énergie et d'argent. C'est tellement mieux de faire des films qui aident à illuminer la vie!», s'est exclamé le réalisateur des Godfather et d'Apocalypse Now.

Quatre films en compétition ont également été projetés samedi à la Fête du cinéma de Rome (18-27 octobre), dont L'amour caché de l'Italien Alessandro Capone, tourné en français et qui raconte l'histoire d'une difficile relation mère-fille.

Dans un message enregistré au Cambodge où elle est en tournage, l'actrice française Isabelle Huppert, qui joue le rôle principal, a parlé d'un film évoquant «un sujet difficile mais qui finit sur une touche d'espoir et de beauté».

«Une des raisons pour lesquelles j'ai accepté ce film était de pouvoir tourner avec Isabelle Huppert. Je joue un rôle (celui de l'adolescente) très autoritaire, et c'était dur d'être autoritaire avec Isabelle Huppert!», a pour sa part confié Mélanie Laurent, une actrice de 24 ans sacrée César du meilleur espoir féminin en France en février dernier.

Quatorze films sont en compétition dans le cadre de la deuxième édition du festival de cinéma de Rome, qui présente aussi quinze films en avant-première.