Le comédien d'origine britannique Michael Caine, 74 ans, est de nouveau à l'affiche du Limier, dans une version réalisée par Kenneth Branagh, 35 ans après être déjà apparu au générique du film original réalisé en 1972 par Joseph Mankiewicz.

Le limier raconte l'histoire d'Andrew Wyke, auteur de romans policiers, qui invite dans sa demeure le coiffeur Milo Tindle qu'il sait être l'amant de sa femme Marguerite. Andrew propose à Milo de simuler un cambriolage chez lui afin de toucher l'argent de l'assurance.

Dans le remake de ce film devenu un classique, Michael Caine interprète le romancier qui fait face au jeune coiffeur (Jude Law). En 1972, Caine incarnait le jeune coiffeur. C'est Sir Laurence Olivier qui interprétait le rôle du romancier.

Ce qui a poussé Caine à tenter cette aventure est la qualité du scénario entièrement réécrit par Harold Pinter, le dramaturge, prix Nobel de littérature en 2005.

«Je dois reconnaître que faire un remake du Limier en interprétant le rôle de Sir Laurence Olivier et avec Jude Law jouant mon personnage était un défi enthousiasmant surtout avec Kenneth Branagh derrière la caméra», a confié l'acteur à l'AFP.

«Mais ce qui m'a convaincu de m'engager pour ce remake est que Harold Pinter en a écrit le scénario», a-t-il ajouté.

«Je connais Harold depuis des années au cours desquelles il a remporté de nombreux prix pour ses scénarios, pour des films dont tout le monde se souvient. Or, je n'avais jamais eu l'occasion de jouer dans l'un d'eux», a-t-il dit.

«Je sais que les réalisateurs ne veulent pas entendre ça et que beaucoup d'acteurs ne veulent pas l'admettre mais sans un bon scénario on ne peut pas faire un bon film ou une bonne pièce», a-t-il estimé.

«Pour moi les scénaristes sont des rois et Pinter est le roi des rois», a-t-il affirmé. «Ce qui rend son scénario unique c'est qu'il n'a gardé que deux lignes du dialogue original mais que l'histoire et les personnages sont intacts», a-t-il souligné.

Interrogé sur le fait de succéder à Laurence Olivier, Michael Caine a rendu hommage au «maître».

«Larry (diminutif de Laurence) m'a appris à respecter le métier et à prendre du plaisir en le faisant», a-t-il dit. Il a raconté une anecdote survenue durant le tournage de la version originale du Limier. Durant une scène, Olivier s'est blessé à la main sans que personne ne s'en rende compte. L'acteur a continué sa scène comme si rien ne s'était passé et c'est seulement quand le réalisateur a dit : «coupez» que tout le monde sur le plateau s'est aperçu combien il souffrait. L'acteur a du être conduit à l'hôpital pour recevoir des points de suture. «Il n'avait pas interrompu la scène malgré cette souffrance évidente. On ne peut pas être plus professionnel que cela», a estimé M. Caine.

Né Maurice Micklewhite, Michael Caine a par ailleurs indiqué que comme acteur, il n'aimait pas «faire de nombreuses prises». «Je mets toute mon énergie dans les trois premières prises et je les loupe rarement parce que je fonctionne comme ça et que j'arrive toujours sur le plateau prêt à travailler», a-t-il confié.

Il a raconté que Stanley Kubrick, «un excellent réalisateur» avait demandé à Jack Nicholson de rejouer 147 fois une même scène lors du tournage de Shining. «Bien que Stanley fût un ami, je peux vous garantir que s'il avait essayé ça avec moi il serait mort bien plus tôt», a-t-il dit.

Tenté de quitter le cinéma après le calamiteux Terrain miné (1993), il a raconté que c'était Nicholson qui l'avait convaincu de ne pas abandonner. Nicholson «et le réalisateur Bob Rafelson m'ont offert un petit mais capital rôle dans Blood and Wine (...) Faire ce film m'a de nouveau donné l'envie d'être acteur et je serai toujours reconnaissant à Jack pour cela», a-t-il dit.