Jördis Triebel a toujours voulu être une actrice. Elle l'est devenue. Tout le monde le sait aujourd'hui dans son Allemagne natale, grâce au succès de Emmas Glück de Sven Taddicken. Et la chose ne va pas tarder à se savoir ici... grâce au long métrage de Sven Taddicken ü qui est un bonheur de film.

Jördis Triebel avait une crainte. Paniquer en atteignant le cap de la trentaine. À l'idée de ne pas avoir d'emploi stable. De ne pas être posée dans la vie en général, dans la sienne en particulier. L'actrice allemande a eu 30 ans cette semaine. Elle se promenait alors dans les rues de Montréal après avoir passé quelques jours en Abitibi-Témiscamingue pour le festival de Rouyn-Noranda.

Et la vie en général, la sienne en particulier, lui a semblé belle. Vraiment très belle.

«Je n'imaginais pas que, deux ans après ce tournage, je voyagerais partout dans le monde avec le film!» lance-t-elle, le sourire rayonnant. C'est pourtant ce qui lui arrive, portée par Emmas Glück (Le bonheur d'Emma) de Sven Taddicken, film doux-amer basé sur le best-seller de Claudia Schreiber. Un film qui a accumulé les prix depuis sa sortie. Jördis Triebel en illumine chaque plan.

Passage au soleil pour celle qui, jusque-là, avait mené une carrière plutôt confidentielle sur les planches. Et puis, une agente de casting l'approche. Depuis deux ans, des recherches infructueuses sont menées au pays pour trouver Emma, cette jeune femme qui vit seule dans une ferme où elle élève des cochons qu'elle traite avec amour et tendresse. Autant de sentiments qu'elle n'a pas sentis, ou si peu, chez les hommes. Jusqu'au jour où Max déboule chez elle. Lourd de problèmes. Affamé de contact humain.

Si Jürgen Vogel, star de l'écran en Allemagne, a été retenu pour le rôle de Max, sa partenaire n'a pas été trouvée parmi les célébrités. On est donc passé aux inconnues. «J'ai été l'une des dernières à passer l'audition.» Et elle le voulait, ce rôle, Jördis Triebel. Dès qu'on l'avait approchée, elle avait plongé dans le roman. Avait succombé à Emma et à son histoire. «D'elle, j'ai aimé son ambivalence. C'est une femme-enfant, elle est forte et sauvage, timide et directe. Elle ne sait comment agir avec les humains mais elle a beaucoup d'amour à donner. Et du récit, j'aime ce mélange entre la comédie et la tragédie.»

Pour se préparer à être Emma, la comédienne a passé trois semaines à travailler dans une ferme. Elle a aussi fait de la musculation ü ce qui lui permet, le moment venu, de transporter Max, son homme, dans ses bras. Et elle a passé son permis, pour pouvoir conduire le tracteur et la mobylette. Enfin, elle a appris à jouer... en compagnie de cochons. À leur montrer qu'elle est le chef. Pas facile. Ce sont des divas: «Je vous jure, ils savaient qu'on attendait après eux et ils en profitaient!» rigole cette trentenaire qui sait maintenant que le bonheur est dans le présent.

Un petit cadeau que lui a fait Emma.