Les films à caractère familiaux se font plutôt rares dans la filmographie de John Cusack. Dans Martian Child, l'acteur campe un veuf qui désire adopter un jeune garçon qui croit provenir de la planète Mars...

Une petite controverse a marqué la mise en chantier de Martian Child, l'adaptation cinématographique d'une nouvelle qu'a publiée l'auteur de science fiction David Gerrold dans les années 90. Dans un livre subséquent, écrit à partir de la même nouvelle, l'auteur, qui a lui-même adopté un enfant, a en effet évoqué sa propre situation en révélant un aspect de la vie du protagoniste qui ne figurait pas dans l'ouvrage original: son orientation sexuelle. Or, le personnage qu'incarne John Cusack dans Martian Child est straight. Il n'en fallait pas plus pour que la production soit accusée dans certains milieux d'avoir détourné le récit de ses véritables enjeux.

Jonathan Tolins, l'un des coscénaristes de cette adaptation, bondit quand cette affaire est soulevée. « Croyez-moi, je n'aurais pas pu être plus près du sujet car je suis gai moi-même, révélait-il au cours d'une rencontre de presse tenue à New York récemment. Avec mon compagnon de vie, j'ai aussi adopté un enfant. Nous sommes parents depuis huit mois. Cela dit, Gerrold n'a pas révélé du tout cet aspect de la vie du personnage dans la nouvelle qui a servi de base au scénario. Le synopsis du film était déjà écrit au moment où le roman subséquent fut publié. »

Peut-être un jour un autre film sera-t-il élaboré sur le thème de l'homoparentalité - le « Philadelphia de l'adoption » comme l'écrit Tolins sur son blogue (web.mac.com/jontolins) - mais là n'était clairement pas l'intention du studio New Line. Qui a vu, dans la nouvelle originale de Gerrold (l'auteur agit en outre à titre de producteur délégué sur le film), la prémisse d'un film essentiellement tourné vers l'enfance. Le rapprochement entre un homme meurtri par la vie (la femme qu'il aimait est morte depuis peu) et un garçon de 6 ans abandonné, convaincu de provenir d'une autre planète, jette ainsi les bases d'une histoire dans laquelle plusieurs - enfants comme adultes - risquent de se reconnaître.

« Voilà l'aspect qui m'a d'abord attiré vers cette histoire, reconnaît John Cusack. J'aimais bien cette idée du petit garçon qui a l'impression de ne pas avoir de place nulle part. Il s'agit là d'un sentiment très commun, très réel. Cela me disait de participer à un film intelligent, destiné à toute la famille. »

Cusack, à qui les scénaristes et producteurs ont tout de suite pensé pour incarner cet homme qui gagne sa vie en écrivant des livres de science-fiction, a ainsi pu entraîner dans cette aventure le cinéaste Menno Meyjes. Les deux hommes ont en effet développé une admiration mutuelle quand ils ont travaillé ensemble à l'élaboration d'un film tout à fait différent. Max s'attardait en effet aux années de jeunesse d'un personnage nommé Adolf Hitler... « Nous nous étions alors très bien entendus car nous partagions la même vision des choses, dit l'acteur. J'étais heureux d'avoir l'occasion de collaborer de nouveau avec lui. »

Un Martien après tout...

Dans Martian Child, John Cusack a notamment l'occasion de donner la réplique à Amanda Peet, qui incarne la meilleure amie de l'épouse disparue, de même qu'à sa soeur Joan. Cette dernière tient le rôle de... - est-ce une surprise? - la soeur du protagoniste. « Joan est très occupée par sa vie familiale, confie l'acteur. Tourner ensemble nous donne l'occasion de se voir un peu! »

Dans ce drame principal tourné vers l'enfance, le partenaire principal de John Cusack est toutefois un petit bonhomme âgé de 8 ans, sur qui repose pratiquement la responsabilité du film. La production a dû visionner quelques milliers de cassettes d'audition envoyées de partout en Amérique du Nord avant de tomber sur Bobby Coleman. Jusque-là, ce garçon n'avait tenu que de petits rôles au cinéma et à la télévision.

« Bobby nous a frappés par son approche, faisaient remarquer les producteurs David Kirschner et Corey Sienega. C'est-à-dire qu'il ne ressemble pas du tout au personnage. Dans la vie, Bobby est très enjoué, très pétillant. Il était ainsi capable d'entrer avec aisance dans la peau du personnage et d'en sortir aussi facilement. C'était assez impressionnant à voir. »

« Cela faisait même un peu peur! ajoute Cusack. On aurait dit que ce petit bonhomme exerçait le métier depuis 20 ans. Peut-être est-il un vrai Martien après tout! »