La semaine du cinéma québécois à Paris, qui s'amorce aujourd'hui sur les Champs-Élysées, connaît un joli succès public et professionnel et fait désormais partie du paysage cinématographique de la capitale française.

C'est là tout le charme de la vie parisienne. La 11e présentation du cinéma du Québec donne sa soirée d'ouverture ce soir au prestigieux complexe Publicis, en haut des Champs-Élysées, et ça coïncide justement avec le déclenchement d'une grève des transports qui provoque des cascades d'annulations dans la capitale.

Qu'à cela ne tienne. Les distingués invités sont des gens motorisés - et généralement parisiens. «Malgré la grève, dit Christian Verbert, le représentant de la SODEC en Europe, je continue à recevoir des confirmations et des demandes d'invitation. Je ne suis pas inquiet.»

Après plusieurs années de tâtonnements dans ses débuts, Cinéma du Québec (à Paris) a désormais atteint une fort belle vitesse de croisière. C'est une affaire qui roule. Un événement qui a conquis à la force du poignet une réelle visibilité à Paris, surtout depuis qu'il est installé au complexe Publicis, l'une des meilleures adresses possibles à Paris, grâce à la complicité de Sophie Dulac, qui y dirige les deux salles d'art et d'essai et qui a fait des conditions extrêmement amicales à la SODEC. Tout cela, évidemment, n'est pas sans rapport avec quelques très beaux succès, ces dernières années, de films québécois (Les invasions barbares, La grande séduction et C.R.A.Z.Y.). Parmi les «petites» cinématographies étrangères, la québécoise a désormais sa place.

À preuve: la soirée d'ouverture, avec la projection des 3 p'tits cochons de Patrick Huard (venu avec ses comédiens), peut aligner des noms connus. Il y a toujours Carole Laure, présidente d'honneur. Mais aussi Stéphane Rousseau, qu'on verra au début de l'année en haut de l'affiche dans Astérix, un film promis à 8 millions de spectateurs. Et Karine Vanasse, qui l'été dernier incarnait Marie-Antoinette dans un téléfilm très remarqué par Le Monde. Il y a encore l'influent producteur Dominique Besnehard, fidèle au Québec malgré l'échec de L'âge des ténèbres. Sans parler du compositeur Benoît Charest, qui a fait la musique des Triplettes de Belleville et donnera une leçon de musique au cours de la semaine.

Ces jours-ci à Paris, vous trouvez dans 255 salles de cinéma une pub très amusante pour Cinéma du Québec, grâce à l'entremise de Publicis. Et Le film français lui consacre sa couverture et un dossier de quatre pages sur les producteurs québécois.

Rendez-vous important

L'événement est devenu un rendez-vous important des professionnels du cinéma. Une bonne quarantaine d'acheteurs, de producteurs et de distributeurs européens. Presque autant de professionnels québécois, dont la majorité venus à leurs frais. Tout ce petit monde s'enferme pendant trois longues journées studieuses dans des «ateliers de coproduction» où chacun expose ses projets en cours en essayant de trouver des partenaires de part et d'autre de l'Atlantique.

Côté public, les résultats ne sont pas du tout ridicules. Pour une quinzaine de films - dont huit longs métrages de fiction -, on attend, comme l'année dernière, quelque 4000 spectateurs, à égalité avec la semaine du cinéma allemand, qui est une référence. Une manifestation réussie qui, d'ailleurs, commence à faire des petits: elle se décentralise du 16 au 19 novembre au cinéma Comoedia de Lyon. À Strasbourg du 19 au 31 décembre, pendant le célèbre Marché de Noël. Puis à Liège en Belgique. Et en région Poitou-Charentes.

Certes, hors de ces événements spéciaux, peu de films québécois atteignent les salles obscures, mais les mini-festival québécois se multiplient. Aux frais des puissances locales invitantes pour l'essentiel, ce qui est bon signe.

À noter à ce propos: le budget de la SODEC pour ces vitrines est d'à peine 230 000 $. Le reste provient de quelques mécènes, de subventions de Téléfilm Canada et de Tourisme Québec (qui dispose d'un espace commercial au Drugstore). Et d'échanges de bons procédés avec les milieux professionnels français qui, décidément, prennent le cinéma québécois au sérieux.