Susan Sarandon, la Louise de Thelma and Louise, la soeur Helen Prejean de Dead Man Walking, joue les marâtres de conte de fées dans le film Enchanted, qui prend l'affiche aujourd'hui. Son jeu n'en est pas moins enchanteur. On est grande ou on ne l'est pas. Elle, est immense. Dans l'action comme dans l'animation.

«Hi Sonia, it's Susan.» C'est elle, incontestablement. La voix est inimitable. Le timbre bas, le rythme lent des mots posés, déposés avec soin sur le fil de la conversation. Le rire qui, ici et là, monte dans la gorge. L'humour qui teinte l'échange. L'intelligence.

Susan Sarandon est au bout du fil. Elle est tout ce qu'on imagine d'elle. Et même un peu plus. «Vous êtes à Montréal? J'adore Montréal, surtout la vieille ville, le long du fleuve. Nous avons failli y acheter une maison!» lance-t-elle, installée dans son domicile de New York «gardé» par deux roquets probablement pas très impressionnants si l'on se fie aux aboiements aigus qui s'élèveront de temps en temps pendant l'entrevue.

À notre programme, Enchanted. Le film familial de Kevin Lima dans lequel elle interprète, en personnage animé puis en personne, la maléfique reine du royaume d'Andalasia, Narissa, qui, craignant pour son trône, expulse dans notre monde la princesse Giselle (Amy Adams) - un croisement de Blanche-Neige, Cendrillon et autres Belle.

«Narissa est une femme qui a un problème de gestion de la colère et ils ne donnent visiblement pas de médicaments, là où elle vit. Elle tente, par les moyens qu'elle connaît, de protéger ce qu'elle a. Et elle est de ces gens qui sont à ce point cruels et impitoyables qu'ils n'ont pas besoin d'élever la voix pour se faire obéir», résume l'actrice pour qui l'invitation à participer à Enchanted était irrésistible.

«Je me suis sentie tout de suite à la maison dans ce scénario», poursuit-elle. En effet, même si sa fille n'a jamais été de «type princesse» et qu'elle-même n'a jamais eu à «entrer dans le merchandising de la princesse», ses enfants ont grandi en regardant des films sortis des studios Disney.

Elle a donc gardé en tête ce projet dont elle a lu les premières moutures il y a cinq ans. «Dès le départ, j'ai été flattée que l'on pense à moi pour le rôle d'une de ces méchantes que l'on aime détester et qui sont plus amusantes à jouer que les héroïnes. Mais je me demandais si les gens de Disney se rendaient compte qu'ils allaient se rendre un hommage à eux-mêmes. Puis, le scénario a évolué et j'ai découvert - avec soulagement - qu'on avait un sens de l'humour, chez Disney.»

Les clins d'oeil aux contes classiques, dont beaucoup ont fait l'objet d'une adaptation par lesdits studios, se multiplient au fil d'Enchanted. De la chaussure de verre à la pomme empoisonnée. De la gestuelle de Giselle à la transformation en dragon de Narissa.

Certains de ces clins d'oeil ont même été suggérés par les acteurs. «Les princesses de dessins animés ne sont jamais fâchées, note la comédienne. J'ai mentionné qu'il serait amusant que Giselle, elle, se mette en colère mais ne comprenne absolument pas ce qui lui arrive puisque cette émotion lui est étrangère.»

Proposition retenue, qui fait l'objet d'une scène de ce film dont le message pourrait être «que le Ils furent heureux jusqu'à la fin des temps est possible mais exige un certain travail. Il ne tombe pas du ciel. Il ne suffit pas de marcher main dans la main vers le soleil couchant pour l'atteindre. Je ne pense pas qu'il y ait d'autre message que celui-là», dit Susan Sarandon en riant.

D'autant plus que ce seul message - et la joie de vivre mise de l'avant par l'ensemble de la distribution - semblent passer l'écran. «Depuis quelques semaines, j'ai eu à parler du film à plusieurs journalistes et beaucoup d'entre eux se disaient surpris d'avoir autant aimé ça.» Cela l'amuse. Mais moins, probablement, qu'Enchanted amusera les petits et grands qui prendront avec elle la route d'Andalasia.

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Enchanted prend l'affiche aujourd'hui, en anglais et en français (Il était une fois). Notre critique dans le cahier Cinéma de samedi.