La grève des scénaristes de cinéma et de télévision lancée en novembre par le Syndicat des auteurs (Writers Guild of America, WGA) s'envenime et pourrait à présent toucher les cérémonies des Golden Globes, en janvier 2008, et des Oscars, en février.

Le déroulement de ces cérémonies bien huilées s'appuie sur un scénario précis: chaque plaisanterie, gag, discours ou bon mot des acteurs et présentateurs est soigneusement écrit à l'avance. C'est en général bien tourné, et donne une impression de spontanéité.

Mais cette année, le Syndicat des auteurs a invité ses membres à refuser ce travail et la tension monte entre grévistes et studios. Les pourparlers destinés à mettre fin au conflit, entré lundi dans sa septième semaine, ont été rompus le 7 décembre. Les studios accusent notamment le WGA d'abus de pouvoir.

«Mensonges», rétorquent les scénaristes qui réclament une revalorisation de leurs droits d'auteur sur les ventes de DVD et la diffusion de films et émissions de télé sur Internet. Leur mouvement a interrompu les tournages d'une douzaine d'émissions télévisées, parmi lesquelles des séries très suivies comme Desperate Housewives, 24 ou The Office. Les longs métrages pourraient bientôt être aussi concernés tout comme, donc, les cérémonies des Golden Globe (13 janvier) puis des Oscars (24 février).

La situation n'est pas inédite: les scénaristes avaient fait grève pendant cinq mois en 1988. Ils sont soutenus par le Syndicat des acteurs (Screen Actors Guild), dont les propres négociations avec les studios doivent s'ouvrir en 2008. Les grévistes ont adressé divers courriers aux organisateurs des Oscars pour également refuser la diffusion d'extraits de films et clips provenant de cérémonies précédentes.

Les organisateurs des Golden Globes se sont dits déçus mais cependant encouragés par le fait que le WGA a annoncé son intention de négocier des accords avec des compagnies de production indépendantes, et de tenter de conclure un accord global avant le 13 janvier.

La grève des scénaristes de cinéma et de télévision a fait entrer dans la lumière un monde des petites mains, celles qui restent derrière la caméra, derrière la ligne, comme on dit dans le jargon de la production américaine.

Scénariste suédoise de 48 ans attirée par les lumières d'Hollywood, Diana Ljungaeus a vite compris que là-bas, personne n'est vraiment ce qu'il semble être. «Si vous prenez un taxi, le chauffeur sera réalisateur. Et votre caissier se révèle être un acteur qui ne fait ce boulot que pour joindre les deux bouts», raconte-t-elle. Elle-même cumule deux emplois pour pouvoir continuer à écrire. «Très peu de gens peuvent vivre de leur activité au théâtre, au cinéma ou à la télévision. Ceux-là sont peu mais vivent très bien. Les autres, pleins d'espoir, doivent se battre pour survivre.»