Après les capsules Internet, Le cas Roberge devrait faire son apparition sur le grand écran en août prochain. À l'aube du tournage, discussion avec la troupe sur l'épopée de Godard en Abitibi, les angoisses d'un chroniqueur frustré et son malaise à interviewer Guy Fournier dans un lit. 

«C'est clair que si je passais ma vie couché sur une poitrine généreuse, j'aurais moins le temps d'angoisser. Mais ça a l'air que c'est pas de même que ça marche. Ça a l'air que dans la vie, faut se lever, serrer des mains, faire des petits sourires, «compétitionner», cruiser, maigrir, prendre des REER...» 

Bienvenue dans l'étourdissant monde du Cas Roberge

Roberge, c'est un genre de Woody Allen. Aussi anxieux, mais en version moins intellectuelle et avec l'esprit moins pollué par la psychanalyse. Dans son monde loufoque, la vie se transforme en casse-tête. 

Depuis juin dernier, on le constate sur l'Internet avec les capsules Le cas Roberge

Benoît Roberge y apparaît avec Jean-Michel Dufaux, Stéphane E. Roy et Sébastien Benoît. Des vedettes invitées figurent dans pratiquement chaque capsule. Elles sont réalisées par Raphaël Malo (Loft Story, 100 détours). 

Chaque acteur garde son propre nom. Il joue essentiellement une caricature de lui-même. 

Roberge, un ancien chroniqueur à Tam-Tam et à L'île de Gillidor, joue un chroniqueur plutôt mécontent de son sort. 

L'équipe se prépare maintenant à la version long métrage. Le tournage du film Le cas Roberge commencera le 24 mars. 

«Contrairement aux capsules, le film suivra un fil conducteur, raconte Roberge. Il s'agit de trois amis qui partent en Abitibi sur les traces de Godard. Il s'était rendu à Rouyn dans les années 60. Personne ne savait trop ce qu'il y faisait. Il interviewait des gens dans les toilettes et osait plusieurs autres expérimentations, comme pour déconstruire la télé.» 

Dans le film, la troupe pourchasse le mythe du cinéaste français. 

«C'est la poursuite de la célébrité, explique Stéphane E. Roy. Et penser devenir célèbre en suivant Godard, c'est aussi ridicule que de penser devenir serein en voyageant au Tibet. Mais le film parle aussi de la poursuite de quelque chose de plus grand, un peu comme l'inaccessible étoile de Brel. Une quête mal définie, la lubie de ne jamais se sentir à sa place, de toujours chercher un ailleurs pour devenir heureux.» 

Cet ailleurs pour Roberge, ce sera entre autres la réussite dans le show-business. 

«Roberge croit qu'il devrait être rendu plus loin, explique l'acteur du même nom. Il est fatigué de faire des singeries. Ça réfère à certaines expériences que j'ai réellement vécues. À Tam-Tam, j'ai déjà interviewé Guy Fournier dans un lit en mangeant des biscuits. Le sujet, c'était les avantages de faire chambre à part. Le personnage Roberge croit qu'il devrait faire des choses plus sérieuses que ça.» 

Quant au reste du film, Roberge et sa troupe restent plutôt avares de détails. Mais peu importe la nature du fil conducteur, le résultat risque d'être intéressant. Car leur force réside dans les dialogues. Roberge pourrait disserter sur le papier hygiénique et il réussirait probablement à s'emporter, à ruminer des idées noires et surtout à faire rire.
Le film est produit par Nicole Robert et Go Films. Il dispose d'un budget de 1,2 million. Le tournage durera 17 jours. 

Pour un avant-goût du monde de Roberge, visionnez les capsules au www3.globetrotter.net/lecasroberge

De la télé au cinéma 

Le film est l'aboutissement d'un long processus. Au départ, Le cas Roberge devait être une émission de télé. Mais tous les réseaux l'ont refusée. En parallèle, Roberge, Côté et Dufaux avaient aussi écrit un scénario de film. 

La réponse des institutions s'est trop fait attendre. «On a donc décidé de faire des capsules sur l'Internet, raconte Jean-Michel Dufaux. On avait plein d'idées, de choses à dire et ça devait sortir.» 

Depuis, plus de 700 000 internautes ont vu les capsules. Ce qui n'a pas nui au financement du projet de film, explique Nicole Robert. 

«Il n'y a pas de grosses farces évidentes. Tout est une question de ton. Et cela, on le voit seulement à l'écran, pas sur papier. Les capsules sont devenues un argument convaincant pour trouver du financement.» Un financement trouvé sans la SODEC et Téléfilm. 

Le projet passe donc à une autre étape. Ce qui amène d'autres inquiétudes chez Benoît Roberge. 

Après cette interview, il nous attendait à côté de la porte pour s'excuser de l'ambiance chaotique et très drôle des réponses de l'équipe. On le rassure. 

«Yes! lance-t-il en levant les bras dans les airs. Je suis soulagé!»

.