Jack Nicholson et Morgan Freeman ont enfin l'occasion de se donner la réplique dans un film qui parle de maladie, de vieillesse et de mort. Avec Rob Reiner aux commandes, cela ne peut pas être triste.

Le jour où il a lu les premières pages du scénario de The Bucket List (Maintenant ou jamais en version française), le cinéaste Rob Reiner avait déjà deux certitudes. La première avait trait à son désir inébranlable d'assurer la réalisation de ce film. La seconde consistait à dire que ce projet allait probablement être difficile à imposer à Hollywood.

«Non mais, vous m'auriez vu faire le tour de tous les studios en leur réclamant 45 millions de dollars pour un film sur deux vieux en train de mourir? On m'aurait ri au visage!» raconte le cinéaste. Qui n'a évidemment pas eu à subir une telle humiliation. D'abord parce que Reiner dirige déjà sa propre société de production (Castle Rock). En outre, le cinéaste avait déjà deux énormes atouts dans son jeu: Jack Nicholson et Morgan Freeman.

C'est d'ailleurs à ce dernier que Reiner a fait appel en premier, estimant que Freeman était l'acteur parfait pour camper l'un des deux personnages principaux du film. «Je connaissais déjà ce scénario, car je m'étais fait offrir un rôle à une époque où Rob n'était pas encore lié au projet, indiquait Freeman au cours d'une rencontre de presse tenue récemment à Los Angeles. J'avais alors décliné l'invitation, car à mon sens, ce genre d'histoire doit impérativement tomber entre les mains de quelqu'un dont on sait d'avance qu'il pourra en faire quelque chose d'emballant. Quand Rob m'a téléphoné, je n'ai posé qu'une condition: que mon partenaire soit Jack Nicholson!»

Évidemment, Reiner y avait déjà pensé. La conviction de Freeman n'a fait que réaffirmer son envie de solliciter de nouveau un acteur qu'il avait déjà dirigé dans A Few Good Men. La réponse n'a pas tardé.

«La décision fut très facile à prendre, déclare Nicholson derrière ses légendaires verres fumés. J'avais beaucoup aimé travailler avec Rob à l'époque. Morgan et moi nous connaissons par ailleurs depuis très longtemps, sans avoir jamais eu l'occasion de jouer ensemble. Je n'ai pas eu à réfléchir très longtemps à vrai dire...»

Les deux acteurs, tous deux âgés de 70 ans, se sont ainsi retrouvés à camper deux inconnus atteints d'une maladie incurable devant partager une même chambre d'hôpital.

Le titre du film en anglais fait écho à une liste que les deux hommes rédigent chacun de leur côté en indiquant les choses qu'ils souhaitent accomplir avant que la Grande Faucheuse ne fasse son oeuvre. Profitant d'une période de rémission, les deux nouveaux amis - dont l'un est milliardaire - se lancent ainsi dans de folles aventures autour du monde, histoire de cocher le plus rapidement possible toutes les inscriptions figurant sur leurs listes respectives.

«C'est un sujet effrayant, traité pourtant de façon humoristique, fait valoir Nicholson. C'est comme un petit puzzle extrêmement difficile à réussir. Je lève mon chapeau à Rob, car il a su trouver le ton qu'il fallait pour que cette histoire ne tombe pas dans le sentimentalisme.»

Expérience concrète

Ce que Nicholson ne dit pas, et que Reiner a révélé plus tard, c'est que l'acteur s'est aussi beaucoup impliqué dans l'écriture des dialogues.

«On a souvent tendance à oublier que Jack est aussi un auteur à part entière, fait remarquer Reiner. Plusieurs mois avant le tournage, il contribuait déjà à l'écriture des dialogues. Pendant le tournage, je m'asseyais avec lui tous les jours pendant une heure afin de retravailler les répliques de la scène que nous allions mettre en boîte ce jour-là.»

«Je suis d'une nature inquiète», lance simplement Nicholson. Qui, rappelons-le, fut sélectionné pas moins de 12 fois aux Oscars. Et compte trois statuettes dans sa collection...

Remarquez que l'acteur légendaire a pu cette fois nourrir son personnage de son expérience personnelle. Le tournage de The Bucket List a en effet été reporté de plusieurs semaines à cause d'une intervention médicale qu'il a dû subir. Le grand Jack fut alité pendant huit semaines. À l'instar du personnage qu'il incarne dans le film, il s'agissait de sa toute première visite dans un hôpital à titre de patient.

«L'épreuve que j'ai dû traverser n'avait aucune commune mesure avec celle qu'affronte le personnage dans le film, commente l'acteur. Cela dit, j'ai quand même un peu paniqué, car j'avais peur de manquer d'énergie sur le tournage, de ne pas être à la hauteur. Il faut croire que je m'en suis finalement bien tiré, car personne ne s'est plaint.»

Les producteurs du film avaient de toute façon décidé d'attendre le rétablissement complet de la vedette avant de commencer le tournage.

«Ce n'est pas le genre de film dans lequel on remplace un des acteurs. Ce n'était même pas envisageable!» a d'ailleurs indiqué Craig Zedan, fraîchement sorti de la production de Hairspray.

Un film comme celui-là confronte forcément ses artisans à leur propre mortalité. Nicholson reconnaît que l'épisode médical vécu avant le tournage a remué intérieurement des choses. Mais il estime tout de même être privilégié de porter sa maturité aussi bien.

«Je dois avouer que, quand j'ai eu 70 ans, c'était la première fois que je me sentais jeune pour mon âge. Cela ne m'était pas arrivé depuis l'âge de 50 ans!»

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Les frais de voyage ont été payés par Warner Brothers.

The Bucket List (Maintenant ou jamais en version française) prend l'affiche le 11 janvier.