Pour que les Oscars aient lieu malgré la grève des scénaristes américains, l'Academy of Motion Pictures and Arts, responsable du gala, prépare un plan B.

Si les scénaristes mettent tout en branle pour empêcher la tenue de la cérémonie, la remise de prix, donc, aurait tout de même lieu le 24 février. Des représentants de l'industrie écriraient leurs propres discours et présenteraient eux-mêmes les prix. Des segments pré enregistrés compléteraient la télédiffusion de l'événement.

Rien ne dit par contre que cette remise de prix aurait lieu au Kodak Theatre, comme d'habitude, et que Jon Stewart l'animerait. L'Academy refuse en effet de détailler son plan B. Pour l'instant, elle continue d'espérer que la soirée se déroulera comme en temps normal. Le décor a d'ailleurs déjà commencé à être monté au Kodak Theatre.

«La soirée (dans sa formule habituelle) pourrait survivre sans scénaristes, résume Bruce Davis, directeur exécutif de l'Academy. Mais s'il y a un piquet de grève, ce serait très différent.»

Car les acteurs ne franchiraient pas ce piquet. Donc pas de vedettes sur le tapis rouge. Ni sur la scène pour recevoir leur prix. Bref, une soirée aussi terne que les derniers Golden Globes, décernés rapidement dimanche dernier en conférence de presse devant moins de 6 millions de téléspectateurs.

Les négociations entre la Guilde des scénaristes (WGA) et l'Alliance des producteurs (AMPTP) sont rompues depuis la mi-décembre.

Le plan B pourrait donc fort bien devenir réalité. En attendant, l'Academy s'accroche à deux espoirs.

Le premier, c'est que la WGA recommence à négocier grâce au succès remporté par la Guilde des réalisateurs (DGA) à sa propre table de négociations. Comme les acteurs, le contrat-type des réalisateurs arrive à échéance le 30 juin. Les trois guildes partagent plusieurs revendications. Les négociations sont bien entamées entre la DGA et l'AMPTP. Si elles débouchent bientôt sur un accord, elles pourraient relancer celles de la WGA.

L'autre espoir, c'est que les scénaristes accordent une dérogation à l'Academy.

La WGA a déjà conclu une telle entente pour la tenue de trois autres galas: les SAG Awards (27 janvier), les NAACP Image Awards (14 février, consacrés aux droits civiques) et les Independent Spirit Awards (23 février). Elle n'y organisera pas de piquet et permettra même à ses membres d'y écrire des textes.

Mais pour les Oscars, cela semble improbable. «La direction de la WGA West a déjà voté pour ne pas accorder de dérogation à l'Academy», indique son président, Patric Verrone.

La WGA pourrait-elle revenir sur sa décision?

ABC, le diffuseur des Oscars, n'aidera pas à la convaincre. C'est un des pires ennemis des scénaristes. ABC a en effet résilié à lui seul plus de contrats de scénariste que tous les autres diffuseurs réunis.

Mais d'un autre côté, c'est l'Academy, et non ABC, qui est propriétaires des Oscars. Des 15 chapitres de l'Academy, un seul est composé de cadres. Les autres sont formés par des artistes. Et le réalisateur des Oscars, Gil Cates, est aussi le principal négociateur de la DGA. Un allié en quelque sorte de la WGA.

Chose certaine, le temps presse. Si les scribes décident finalement de participer aux Oscars, ils auront beaucoup de retard à rattraper. L'année dernière, l'équipe de 14 scénaristes avait commencé le travail en décembre.