La pression vient d'augmenter sur les scénaristes américains en grève. La guilde des réalisateurs (DGA) a conclu une entente hier avec l'Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP). Elle a obtenu plus que ce que l'AMPTP offre à la guilde des scénaristes (WGA), mais moins que ce que le WGA demande.

L'AMPTP réinvite maintenant la WGA à la table de négociation. La WGA a rompu les négociations le 7 décembre dernier, un mois après le début de la grève.

Le contrat-type de la DGA arrivait à échéance le 30 juin 2008, la même date que pour celui de la guilde des acteurs (SAG).

La DGA a commencé à négocier samedi dernier avec l'AMPTP. Ses contentieux étaient semblables à ceux de la WGA et de la SGA. Les membres des trois guildes veulent notamment être mieux payés pour la diffusion de leur travail sur internet et sur les autres plateformes multimédia.

D'une durée de trois ans, l'entente de la DGA contient une clause de renégociation.

Le DGA obtient entre autres la juridiction pour les programmes conçus pour être distribués sur internet. Les réalisateurs recevront aussi un paiement résiduel de 1260 $ pour le téléchargement d'un épisode télé d'une heure. Pour l'instant, l'AMPTP offre seulement 250 $ aux scénaristes.

Au moment d'écrire ces lignes, Patric Verrone, président de la WGA West, n'avait pas encore réagi à l'entente. Mais chose certaine, il est dans une situation très délicate.

D'une part, le soutien de ses membres commence à s'effriter. Plus tôt en janvier, un groupe de scénaristes se qualifiant de «pragmatique» a souhaité qu'il soit plus ouvert à la négociation. Quelques-uns menacent même de se désaffilier de la guilde.

Profitant de cette brèche dans le front commun, des studios comme Warner Bros ont récemment annulé une douzaine de contrats de télévision, et menacé la suppression de plus de 1000 emplois.

À l'approche des Oscars, qui devraient avoir lieu le 24 février, la pression est plus grande que jamais pour que la WGA recommence à négocier.

Mais elle ne veut pas non plus répéter ses erreurs passées.

La stratégie de l'AMPTP a toujours été de conclure un accord avec la guilde la moins coriace - historiquement la DGA - pour tenter ensuite d'imposer le précédent aux deux autres.

En 1988, la DGA avait accepté de toucher seulement 20 % des revenus de la vente des cassettes vidéo. La SAG et la WAG n'ont finalement pas obtenu plus.

Puis en 2004, la DGA avait accepté une entente avec la AMPTP, dans laquelle ses redevances sur les DVD n'augmentaient pas d'un sous. Encore une fois, la WGA n'avait pas réussi à obtenir plus.

C'est d'ailleurs à la suite de cette vague de mécontentement que Patric Verrone avait été nommé président de la WGA West.

Alors qu'une entente avec les réalisateurs était imminente mercredi dernier, certains scénaristes commençaient déjà à critiquer les réalisateurs.

«La DGA nous laisse sceptique. Elle n'est pas démocratique et a trop souvent accepté de mauvaises ententes», déplorait le scénariste T.S. Cook.

Et comme en 1988, les négociations portent sur un marché à la fois prometteur et incertain. Tous s'accordent sur le potentiel de la distribution de films et émissions de télévision sur internet, mais le marché reste très difficile à quantifier.