L'équation «Montréal» et «Oscars» n'aura pas pour résultat Denys Arcand cette année.

L'âge des ténèbres n'a pas été nommé parmi les candidats à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, mais d'autres réalisateurs montréalais ont reçu une nomination en vue de la cérémonie hollywoodienne.

Ainsi le Montréalais Jason Reitman est en nomination au titre de meilleur réalisateur, pour son film Juno, aux côtés de Julian Schnabel (Le scaphandre et le papillon), les frères Coen (No Country for Old Men), Tony Gilroy (Michael Clayton) et Paul Thomas Anderson (There Will Be Blood). Rien de moins.

Né en 1977, Jason Reitman est le fils du célèbre producteur Ivan Reitman, à qui l'on doit Trailer Park Boys, Ghostbusters ou encore Eurotrip. Sa mère, la Québécoise Geneviève Robert, a tourné notamment sous la direction de Gilles Carle dans le film Red, en 1969.

Pendant son enfance, passée en grande partie aux États-Unis, Jason Reitman se laisse séduire par la réalisation et tourne très jeune ses premiers courts métrages. Avant l'âge adulte, il tente de se défaire du septième art, et songe à la médecine. Peine perdue: Jason Reitman fera du cinéma comme ses soeurs Catherine et Caroline.

Après quelques courts métrages, Jason Reitman scénarise et réalise son premier long, Thank You for Smoking. Présenté au Festival de Toronto, le film, sorti en 2006, a rencontré un succès tant critique que financier. Avec Juno, sa deuxième réalisation, Jason Reitman continue à se faire un prénom dans la profession.

Depuis sa sortie, la comédie Juno séduit tant le public (aux États-Unis et au Canada, le film a déjà rapporté plus de 87 millions au box-office) que les critiques. Juno est également en compétition pour décrocher la statuette dans les catégories meilleur film et meilleur scénario. Ellen Page, la comédienne canadienne qui prête ses traits au personnage de Juno, est en nomination pour l'Oscar de la meilleure actrice.

L'ONF de nouveau finaliste

Et Reitman n'est pas le seul Montréalais à avoir été nommé hier. Enchanté, Maciek Szczerbowski, réalisateur du film Madame Tutli-Putli, prétendant à l'Oscar du meilleur court métrage d'animation, se disait, dans les heures suivant l'annonce des nominations, «dans une drôle d'humeur». «On est excités, aujourd'hui, on n'a pas beaucoup mangé, mais on rit beaucoup», expliquait-il hier.

Réalisé avec Chris Lavis et produit par l'Office national du film (ONF), Madame Tutli-Putli raconte le voyage inquiétant d'une femme dans un train de nuit. «On a les pieds sur terre, on n'aurait jamais pensé que ce film, assez obscur, bizarre, aurait un tel succès», s'étonne Maciek Szczerbowski.

Quatre années ont été nécessaires à Maciek Szczerbowski et Chris Lavis pour réaliser leur film: le temps de traverser le Canada en train pour «connaître l'atmosphère, rêver, parler aux gens», mais aussi le temps de réaliser les squelettes, en fer et en aluminium, des personnages.

Lancé il y a à peine un an, Madame Tutli-Putli se bâtit une carrière des plus enviables. Après le Festival de Cannes et le Worldwide Short Films de Toronto, le court a été sélectionné au festival de Sundance, qui se déroule en ce moment à Park City.

Madame Tutli-Putli offre à l'ONF sa cinquième nomination consécutive aux Oscars, sa 70e de l'histoire. «Cela donne à nos films et à nos créateurs une visibilité extraordinaire à travers le monde», s'enthousiasmait hier le président de l'institution canadienne, Tom Perlmutter.